"Une catastrophe naturelle" de Margriet de MOOR
Une catastrophe naturelle de Margriet de Moor
Editions Libella, 331 pages
Publication : 2010
Lidy et Armanda sont deux jeunes soeurs. Proches depuis toujours, elle jouent de leur ressemblance. Leur relation est telle qu'elles nous semblent être jumelles au début du livre. Armanda a 21 ans et vit une vie de jeune étudiante banale. Lidy quant à elle, est une jeune mère de 23 ans et vit avec son mari et son bébé de deux ans, Nadia. Un jour, Lidy est invité à aller passer le week end à Zélande, une petite île hollandaise, pour fêter l'anniversaire de sa filleule. Bien loin de s'en réjouir, elle propose à sa soeur d'y aller pour elle alors qu'elle se rendra avec le mari de celle-ci à une fête de famille. Les apparences ne trompent bien sûr personne, les deux jeunes femmes sont vite démasquées, mais qu'importe! Tout prend une surprenante tournure alors que Lidy se retrouve au beau milieu d'une tempête, les eaux montent... Lidy disparaît. Armanda va alors continuer en quelque sorte la vie de sa soeur, en épousant avec son mari et en élevant leur fille.
Autant le dire d'entrée, j'ai beaucoup aimé ce roman et pourtant il m'a aussi beaucoup dérangée. J'ai tout d'abord adhéré à la structure du roman. La situation initiale est la même pour tous jusqu'au début de l'inondation. Les chapitres alternent le récit du calvaire de Lidy avec la vie de Armanda qui avance bien plus rapidement dans le temps. Lidy ne survivra que quelques heures, mais le récit de sa vie s'étend sur autant de pages que celle de sa soeur Armanda.
Le récit qui concerne Lidy m'a totalement retournée. Tout est raconté avec tellement de détails que ça en devient très visuel. Jusqu'au bout on a de l'espoir pour elle alors que dès les première lignes du roman, il est clairement annoncé qu'elle ne s'en sortira pas. Cette partie du récit m'a totalement scotchée.
Par contre, j'ai eu un peu de mal avec les passages concernant Armanda. J'ai trouvé son attitude plutôt malsaine. Avant même que sa soeur ne soit en danger, elle souhaite clairement vivre la vie de sa soeur (d'où cette proposition d'échange pour le week end) et j'ai eu le net sentiment qu'elle s'est jeté sur son beau frère alors même qu'on en savait pas encore très bien si sa soeur était bien morte. La petite Nadia ne semble meêm pas se rendre compte de ce changement de mère. n peut à la rigueur comprendre l'attitude du mari qui croit retrouver sa femme en la personne de sa soeur, elle lui ressemble tellement. Mais comment comprendre et admettre l'attitude d'Armanda? Elle mettra du temps à se rendre compte que la situation n'est peut être pas si normale, mais il est trop tard, c'est effectivement la vie de sa soeur qu'elle a choisi de continuer, et non pas sa propre vie qu'elle va vivre.
Tout au long du roman, la présence de la soeur / femme / fille perdue va planer. Cette perte va inexorablement changer la vie de tous ces proches, qui ne vont même pas pouvoir faire leur deuil car il n'y a pas de corps. C'est comme si chaque membre de cette famille s'accroche eux aussi à un radeau de bois rudimentaire pour ne pas admettre la perte de cet être.
C'est une belle découverte que ce roman, je remercie Abeline des Chroniques de la rentrée littéraire de me l'avoir proposé, je n'aurais certainement jamais lu ce livre de moi-même, mais il est maintenant quasiment certain que je lirai d'autres romans de cet auteur.
Cryssilda