"Rhum Express" de Hunter S.THOMPSON
Rhum Express de Hunter S.Thompson (The Rum Diary, 1988)
Editions Folio, 330 pages, 2010
Paul Kemp est un jeune journaliste aventurier, il aime à gambader à travers le monde selon ses envies afin de fuire l'ennui. Il se retrouve débarqué un bon matin et par le plus grand des hasards à Porto Rico, ben pourquoi pas? Les Caraïbes, le soleil, la mer, l'Amérique Latine mais pas trop. Il va travailler pour le San Juan Daily News, journal anglophone de l'île, qui rassemble une bande de journalistes paumés comme lui. Les journées vont se passer entre embrouilles, beuveries (ils vouent un culte mémorable au rhum, d'où le titre du livre) et articles écrits à la va vite.
Je découvre cet auteur avec ce roman, et pourtant je le connaissais déjà, il est à l'origine du livre (devenu film) Las Vegas Parano. Quel bonheur que de lire ce livre! Tout d'abord parce qu'il est lié à mon histoire personnelle. J'ai pu me replonger avec grand plaisir dans l'ambiance de Porto Rico, un pays que j'ai visité il y a quelques années. Je m'y suis beaucoup retrouvée dans la découverte par le personnage de la société portoricaine et des problèmes liés à son statut (un peu incompréhensible quand on débarque comme ça sans avoir été brieffé). Il y a comme un sentiment d'enchantement autant que de désillusions lorsque l'on se plonge dans l'histoire et le quotidien de cet île, et cette ambiguïté est parfaitement rendue dans ce livre par la vie que mène Paul : L'environnement est paradisiaque, mais sous ce paradis apparent se cache un peuple en quête de son identité et qui cherche à se réapproprier son île.
L'auteur nous balade à travers l'île, entre San Juan, capitale en plein développement (on est dans les années 50, la ville est en pleine mutation, entre influence hispanique et société de consommation américaine). A côté de ça, on découvre des lieux plus isolées et plus authentiques, des plages désertes, des bidonvilles (La Perla!!) où il ne fait pas bon traîner, Vieques et enfin Culebra, île en dérive au large de l'île principale qui servait encore il y a quelques années de terrain d'entraînement et de bombardement pour l'armée américaine.
La cohabitation avec les autochtones sera des plus tendue, les américains apparaissant clairement comme des colons venus piller l'île et arracher leur identité à ses habitants. On retrouve ici le mythe (et certainement la vision de l'époque... a t-elle vraiment changée?) du portoricain dangereux et criminel.
Enfin, j'ai beaucoup aimé le style de ce roman et sa dynamique. Les personnages sont attachants et drôles, les situations parfois rocambolesques et anecdotiques.
C'est une belle fresque de ce pays qui se découvre face à la confrontation avec une nouvelle culture. Le pays à bien changé cinquante ans après, mais les mêmes problèmes identitaires sont toujours d'actualité.
Un grand merci à Babelio et à Lise des Editions Folio pour cette très bonne découverte!
10/15