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24 novembre 2010

"Le cimetière des pianos" de José Luis PEIXOTO

le_cimeti_re_des_pianosLe cimetière des pianos de José Luis Peixoto,

Editions Folio, 356 pages

Nous sommes ici à Lisbonne, dans la famille Lazaro. Le père vient de mourir, mais il suit de près les membres de sa famille, avançant dans le temps avec eux ou bien se remémorant des moments clefs de sa vie, ceux qui reste coincés comme un boule dans la gorge. Soudain, au milieu de livre, une seconde voix apparaît, celle de Fransisco Lazaro, son fils, en train de courir le marathon des Jeux Olympiques en Suède, qui lui aussi voit sa vie se dérouler devant ses yeux, le mettant face à face avec les choix qu'il a pu faire dans sa vie. Le roman tournoie autour des membres de cette famille, de cette famille déchirée mais qui garde malgré tout une certaine unité.

Le roman est majestueusement écrit, l'auteur a sans aucun doute possible une plume originale, un style particulier qui ne ressemble à aucun autre. Parfois il m'a fait penser à Alessandro Barrico par sa poésie et son originalité. En effet, l'auteur malmène les idées reçues concernant ce qui se fait et ce qui ne se fait pas quand on a la prétention d'écrire. Il joue avec les répétitions, les phrases qui s'en sont pas, les deux points récurrents dans une même phrase... mais tout cela semble bien pensé, le rythme de la phrase, le vocabulaire, les enchaînements ou les ruptures sont en fait l'expression parfaite de l'ambiance du moment précis dans le livre. La forme est déroutante mais remarquable. J'ai particulièrement aimé les passages du marathoniens, du stream of consciousness (figure de style anglaise, littéralement "courant de conscience", c'est à dire qu'on suit le personnages dans ses pensées, come elles lui viennent en tête) parfaitement maîtrisé, il court, il réfléchit, les pensées foisonnent et se bousculent dans sa tête, sans trame logique, un compte à rebours de sa vie alors qu'il brûle les kilomètres qui le mènent vers sa mort.

Une certaine douceur se dégage de ce roman, justement par le rythme et les répétitions, comme un léger balancement à la surface d'une étendue d'eau... et pourtant ce qui est raconté n'est pas rose du tout, la vie de cette famille est glauque et étouffante.

En ce qui concerne l'intrigue elle-même, c'est ce qui m'a posé le plus de problème... mais c'est également lié à la forme en réalité. On est souvent dans la tête des personnages qui commencent leur paragraphe par "ma femme", mais sans que l'on sache vraiment qui parle.... ce n'est qu'au bout de quelques lignes que l'on parvient parfois à savoir qui parle et de qui ou de quoi. J'imagine que le flou est voulu par l'auteur, mais nous, pauvres lecteurs, avons bien du mal à nous y retrouver.... au bout de la moitié du livre, on ne sait plus qui est qui (on a deux soeurs : Marta et Maria.... no comment), ni qui est marié avec qui, encore moins qui est la tante, le neveu ou le fils de qui.... Parce qu'en plus, les malheurs de la famille ont tendances à se répéter au cours des générations : Comme un enfant qui naît le jour d'une mort (de son père, de son grand-père, que sais-je encore...) ... ou un oncle borgne.... bref pas facile facile d'avancer de un flou artistique total comme ça.

La valeur sûre au cours des années qui passent est le lieu qui a donné le titre à ce roman, le cimetière des pianos... les personnages sont menuisiers de pères en fils, et le cimetière des pianos (pièce où on été déposés de vieux pianos) semble être leur havre de paix à tous (je crois qu'une personne du roman dit d'ailleurs qu'il ne peut rien arriver de mal à personne dans le cimetière des pianos) : des premiers émois amoureux, des conception d'enfants, de la rêverie (l'une des soeurs, Maria ou Marta - vous aurez compris que je ne peux pas préciser laquelle - y dévore des romans d'amour en cachette). J'ai beaucoup aimé les deux passages ou la petite fille communique avec la voix narrative, son grand-père mort qui est en train d'écrire le livre, justement dans le cimetière des pianos.

Voilà, à lire par les curieux qui veulent se faire un idée par eux-mêmes, mais vous aurez été prévenus, c'est assez compliqué et il ne faut pas avoir peur d'y laisser quelques plumes de sa patience (oui moi aussi je peux faire n'importe quoi avec les mots, même pas peur!). Néanmoins, je pense que ça reste un texte à découvrir.

Merci à Lise des Editions Folio de m'avoir fait découvrir cet auteur.

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Commentaires
C
@ Kikine : Oui il faut le lire quand tu as du temps... car faut prendre son temps avec ce livre...
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K
Euh, oui, je pense le lire pour me faire mon avis .. mais un jour plus tard car j'ai trop de choses à lire pour le moment
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C
@ DF : Oui c'est limite un exploi d'arriver au bout :-)
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D
Pas un livre évident, mais effectivement de très belles pages, à lire au rythme d'un marathon.
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C
@ Malice : Oui mais commence le quand tu es au top de ta concentration !<br /> <br /> @ Schlabaya : Oui, c'est juste que j'en ai quand même bavé à le lire, c'était compliqué et j'étais un peu dépitée de ne pas parvenir à tout suivre.<br /> <br /> @ Karine : Oui moi aussi j'aime le titre, c'était d'ailleurs le roman qui m'inspirait le plus parmi ceux que j'ai reçus... mais bon, on met sa patience à rude épreuve en le lisant ;-)
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