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"Les Braises" de Sandor MARAI
Les Braises de Sandor Marai
Editions Livre de Poche, 219 pages, 1942
Conrad et Henri sont deux amis d'enfance. Ils se sont connus à l'école et ont partagé cette amitié-passion que l'on peut rencontrer au cours de nos plus jeunes années. Leur attachement certain est pourtant entâché par une différence de statut social qui les met mal à l'aise. En effet, Henri est issu d'une famille riche et bourgeoise, alors que les parents de Conrad doivent se contenter du minimum afin que leur fils puisse faire son école d'officier. Malgré tout, leur amitié semble se renforcer durant les années de complicité qu'ils passent ensemble, jusqu'à une certaine partie de chasse, il y a exactement quarante-deux ans, alors que les deux compères avait une petite trentaine d'années...
Le livre est en retour en arrière sur cette amitié. Henri nous raconte sa jeunesse et sa rencontre avec Conrad qu'il considère alors comme un frère. C'est maintenant un vieillard, et il semble attendre la vérité pour pouvoir s'éteindre. En effet, Conrad et Henri ne se sont plus parlé depuis quarante ans laissant derrière eux une multitude de non-dits et rancoeurs.
Les deux amis se retrouve après ces longues années et nous allons assister au procès de cette amitié avortée. C'est également le procès de l'amitié en générale qui va se jouer, comme le procès du concept plus général de l'amour. Ce roman se déroule en Autriche et Hongrie, mais il aborde l'amitié dans son universalité.
Ce qui m'interpelle, c'est cette idée que malgré la trahison, l'auteur se réfère toujours aux deux hommes comme des "amis"... c'est d'ailleurs là la question centrale du roman : est-ce que, lorsqu'on aime, on peut en vouloir à l'autre de ne pas être ce que l'on souhaiterait qu'il soit. L'amour n'est-il pas sans condition?
Je découvre Sandor Marai avec ce roman, et j'ai particulièrement aimé son style : Très classique, très riche et qui fait beaucoup réfléchir. Je reprocherais juste parfois une tendance à étaler un peu des convictions ou des généralités au cours des dialogues ce qui ne sert pas au réalisme de l'échange. Mais ce n'est qu'un détail, cet auteur est à découvrir absolument!
Attention, dans la catégorie Suicidé du Challenge Nécrophile, je voudrais Sandor Marai ! (Fashion, en vérité, ce que tu nous fais faire est horrible!):
"Le 4 janvier 1986, son épouse Lola, qui était devenue aveugle, meurt d'un cancer. Une année plus tard, son fils János décède également, à l'âge de 46 ans. Brisé par la disparition de ses proches et vivant dans un isolement de plus en plus complet, Márai se donne la mort à San Diego le 22 février 1989, huit mois seulement avant la fin de la République Populaire de Hongrie proclamée le 23 octobre 1989. Un an avant sa disparition, un de ses amis s'était rendu dans une librairie à Budapest pour acheter ses livres et s'était entendu dire : "Il n'y a pas d'écrivain au nom de Márai" (merci Pote Wikio)
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