"Reinaldo Arenas, un Cubain libre" de Liliane HASSON

Pour changer un peu et surtout pour être d'une grande originalité aujourd'hui, je vais vous parler de... Reinaldo Arenas. Ce sera la dernière fois au cours de ce mois cubain... si tout va bien.

Il y a quatre ans, avec Lamalie, on était folles-hystériques d'apprendre la sortie d'une biographie de Reinaldo Arenas. La maison de l'Amérique Latine avait préparé ça en grandes pompes : Une soirée Reinaldo fut organisée, la salle débordait de lecteurs enthousiastes et d'amis de Reinaldo (parce que oui, nous, on a croisé des amis de Reinaldo !) (je m'en remets pas).

Au début de la rencontre, alors que les animateurs présentaient les intervenants, un vieux monsieur s'est levé dans la salle à côté de nous, on ne savait pas trop qui il était au début, mais c'était Jorge Camacho, le fameux ami de Reinaldo qui l'a aidé pendant toute sa vie. On a pas bien compris tout ce qu'il disait, les paroles pleines d'un accent espagnol, et emporté par sa fureur. Car oui, le monsieur criait au scandale, et on a assisté à un véritable règlement de compte de sa part envers Liliane Hasson. Perdues nous fûmes dans ce tumulte.

Un film-reportage retraçant les recherches de Liliane Hasson a ensuite été diffusé ainsi que des extraits d'interviews de Reinaldo (la première fois que je l'entendais parler, youpi!). Mais voilà, ce reportage m'a fortement dérangée... en particulier le fait d'être partie comme ça à la recherche du père de Reinaldo alors que lui même ne l'avait jamais fait. De quel droit se permet-on de fouiner de la sorte? Qu'est-ce que ça apporte aux lecteurs que nous sommes de faire parler un père que Reinaldo n'a jamais connu ?

Mais bon, j'ai acheté le livre de Liliane Hasson, car si biographie de Reinaldo il y a, biographie de Reinaldo je dois lire.

Reinaldo Arenas, Un Cubain librede Liliane Hasson

Photographies de Suzanne Nagy

Éditions Actes Sud, 2007, 190 pages

Ce livre est donc une biographie de l'auteur écrite par Liliane Hasson, une amie de Reinaldo Arenas, du moins sa traductrice, on est en certains. Il n'y a pas grand chose à dire quant au fond du bouquin, comme toute biographie, il retrace la vie de Reinaldo, de son enfance à Cuba jusqu'à sa mort à New York en 1990.

Par contre, il y a beaucoup à dire quant à la forme de cette biographie... et c'est peut-être pour ça que, l'ayant entamé à plusieurs reprises, j'ai mis quatre ans à véritablement lire ce livre...

Cet ouvrage s'appuie d'une part sur les écrits de l'auteur, d'autre part sur des témoignages de gens qui l'ont connu... le problème c'est que, bien souvent, chacun à sa propre version des évènements. Tout le monde est d'accord pour conclure que Reinaldo n'était pas digne de confiance lorsqu'il relatait un épisode de sa vie, du fait de son imagination débordante et de sa passion pour l'exagération et le lyrisme sur toute chose digne de l'émerveiller. Ses amis n'ont pas spécialement l'air plus fiables que lui. Du coup, je me suis demandée ce que cet ouvrage m'apportait de plus après la lecture des livres de Reinaldo et la lecture de son autobiographie ? (ah oui... peut-être des photos)

Ensuite, je n'ai pas du tout aimé le style du livre. Lilane Hasson est certainement une très bonne traductrice, mais pas une bonne écrivain (et là j'ai très mauvaise conscience d'écrire ça, car l'ayant déjà rencontrée, elle est très sympa). Je n'ai pas du tout aimé sa démarche non plus, son livre ressemble plus à une mise en valeur d'elle-même, du genre "regardez, j'étais son amie!" qu'à un véritable travail pour lui rendre hommage (on s'en fout qu'elle aille manger avec la tante de Reinaldo dans tel restaurant). Encore une fois, je l'ai trouvée bien trop fouineuse... pourquoi harceler Lazaro (très proche ami de Reinaldo, on suppose qu'il était là lors de ses derniers instants), qui ne semble pas décidé à lui accorder d'interview, pour arriver à ses fins ? Cette rencontre ne nous a d'ailleurs rien apporté de plus !

Certes, dans un autre sens ce livre a le mérite d'exister... mais Reinaldo a déjà écrit son autobiographie, et rien n'est plus poignant et vrai que les mots de l'auteur lui-même. Tout ce qu'il avait à nous dire, il nous l'a dit à travers ses ouvrages, et si il y a des moments de flou, des choses qu'on a du mal à croire etc... et bien ça va avec le personnage de Reinaldo Arenas, et il ne faut pas creuser et essayer d'en savoir plus, par respect pour lui. Enfin c'est mon avis...

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Comments

[Yacea]

Effectivement c'est votre avis. Un autre avis dirait, pourquoi ne pas tenter l'exercice (même difficile) d'une biographie tel qu'il y en a des tas sur tout un tas de personnages a priori importants? "Fouiner" pour tenter d'en savoir plus sur la vie d'un personnage inconnu, d'un ami ou d'un parent décédé.. est-ce vraiment indécent pour sa mémoire? ..ou au contraire..

[Lou]

Je crois que je relirai plutôt le texte autobiographique d'Arenas que j'avais lu...

voilà ma contribution (outre mojitos) au mois cubain : http://www.myloubook.com/archive/2011/06/08/silencios-karla-suarez.html

Faute de temps je n'ai pas pu faire mieux mais je prévois de lire le Valdes bientôt quand même :)

[Lamalie]

Ben moi aussi je m'étais arrêtée au milieu de la lecture de ce livre alors qu'on avait été si folles de savoir qu'il sortait.. C'est vrai que c'est plaisant de lire des choses sur Reinaldo, mais il y a quelque chose de dérangeant dans ce livre. Je vais en reprendre sa lecture.. Il faut effectivement le lire jusqu'au bout pour se faire une idée juste.