"The Nipper" de Charlie MITCHELL
The Nipper de Charlie Mitchell
Editions Harper Element, 301 pages, 2008
Charlie est un petit garçon comme un autre, sauf que ses parents se séparent alors qu'il est encore un bébé, qu'ils se battent pour avoir la garde des enfants, que Charlie est terrorisé par son père et qu'il finit par dire devant le juge qu'il veut vivre avec lui par peur des représailles. Il a alors quatre ans. Sa mère s'est enfuie parce que battue par son mari, alcoolique notoire. C'est le petit Charlie qui va ensuite servir de punching-ball pendant de longues années, transformant son enfance en bagne. Pendant douze ans il va subir les violences de son père, parfois pendant dix heures d'affilé. Les voisins ont fermé les yeux, pas une fois la police n'a été appelée alors que personne ne pouvait ignorer les cris et la souffrance du petit. Tout cela se passe dans un quartier populaire de Dundee en Écosse.
Ce livre traînait depuis trois ans sur mes étagères. Je l'avais acheté lors d'un de mes voyages, à l'aéroport (j'ai l'habitude de dépenser mes derniers pounds au WH Smith), parce que ça se passait à Dundee et que ça ressemblait bizarrement à l'histoire de l'un de mes proches. Du coup, ça a été une lecture assez particulière pour moi car je n'ai pas réussi à prendre de la distance avec ce que je lisais. De plus, le livre est autobiographique, donc impossible de se voiler la face en se disant "ce n'est qu'une histoire".
Ce livre est le seul écrit par l'auteur, au premier abord (c'est à dire avant d'ouvrir le livre) j'avais peur que le style ne soit pas bon, et que l'intérêt du livre ne soit que le témoignage. Absolument pas finalement, j'ai bien aimé le style de Charlie Mitchell. Malgré ce qu'il nous confie, il ne fait pas de son livre une accumulation de malheurs, il y a parfois de l'humour, de la tendresse et surtout de l'espoir alors que ce n'était pas gagné. C'est un livre qui sent le vrai (comme un bon vieux film de Ken Loach) et j'ai adoré les dialogues retranscrits avec l'accent populaire. Il fallait parfois relire deux fois la même phrase pour être certain d'avoir compris, mais ça créé une atmosphère criante de réalisme.
J'ai cherché des réponses dans ce livre car il n'est pas toujours facile de comprendre et d'aider quelqu'un qui a eu ce genre de traumatisme pendant l'enfance... et je ne les ai pas trouvées... Le livre n'a fait que confirmer ce que je savais déjà, il est impossible d'oublier totalement et de vivre une vie normale quand le mot "enfance" ne veut rien dire pour quelqu'un.
J'ai été particulièrement troublée par la relation père/fils. Tout au long du livre, Charlie continue a appeler son père "Dad". Même s'il déteste son père jusqu'à vouloir le tuer à plusieurs reprises, il y a quand même de la tendresse de la part de Charlie pour son père. Comme le dit l'auteur, son père fait figure de Dr Jeckyll et Mr Hyde, quelqu'un de très aimable, sociable et amusant lorsqu'il ne boit pas, un bourreau dès qu'il a pris sa première vodka.
J'ai adoré ce livre, il m'a fait pleurer à plusieurs reprises, j'ai eu beaucoup de mal à sortir de cette histoire. Quand on lit un tel livre, on en peut pas s'empêcher de comparer sa propre enfance à celle qu'on nous raconte, surtout quand l'auteur a le même âge que soi... Ce qui me chagrine, c'est que ça ne changera peut-être rien de lire de tels livres, vu que les gens qui sont prêts à s'y plonger sont déjà certainement des gens sensibilisés au problème.
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