Le Mystère d'Edwin Drood de Charles Dickens
Édition de la Pléiade, 293 pages
Publié en 1870
Le roman commence par une scène psychédélique, les personnages que l'on ne connaît pas encore, semblent avoir fumé une substance étrange et on ne comprend pas bien ce qui se passe du fait de leur conscience un peu brouillée. Puis l'intrigue commence, nous sommes à Cloisterham, petit village pas très éloigné de Londres. Jasper reçoit son neveu Edwin, qui, lui, est épris, un peu par obligation, de la jeune Rosa, pensionnaire d'une école de jeune fille de la petite ville. Arrivent également les personnages exotiques de Neville et de sa soeur Helena qui vont titiller les préjugés des villageois. Le lendemain de Noël, Edwin disparaît étrangement, on ne sait pas s'il a voulu disparaître, s'il a eu un accident (des effets sont retrouvés au bord de la rivière voisine) ou s'il a été supprimé...
Malgré les idées reçues, je ne suis pas du tout une spécialiste de Dickens, je le connais même très mal (même si j'ai luThe Christmas Carroll de nombreuses fois), alors c'est tout naturellement par son dernier roman inachevé que j'ai voulu approfondir un peu ma connaissance de son travail.
Car oui, le roman est inachevé (Charlie a eu la bonne idée de mourir entre deux pages), ce qui veut dire que le roman est plus court ! En effet, on sent bien que ce pauvre Charlie, tout comme nous, lecteurs désoeuvrés, n'est rendu qu'à la moitié d'un roman dont l'intrigue est sur le point de se déployer... Cela dérangerait peut-être moins de la part d'un auteur mineur et rectiligne... mais Dickens a mis un pied d'oeuvre à semer par-ci par là des mystères, des personnages douteux, une intrigue sinueuse... pour que tout cela s'arrête comme ça subitement, alors que l'on vient de suivre pendant quelques pages une vieille bonne femme étrange et dérangeante!
L'ambiance du roman est ludique et joyeuse, même si on nous parle de disparition, voire de meurtre. Les personnages sont déjantés, et les situations ne sont guère mieux ! Charlie jongle avec les mots avec beaucoup de répartie et d'humour, les dialogues sont délicieux même si souvent on se rend bien compte que ce n'est que du blablatage ayant pour seul but d'introduire des lignes et des lignes d'humour et de jeux de mots.
J'ai adoré en particulier la vieille logeuse, Madame Billickin, qui ne peut s'empêcher d'être honnête et de l'affirmer toutes les deux secondes tout en faisant des "liaisons dangereuses" pour mettre un peu plus de style dans son élocution. Monsieur Grewgious m'a également beaucoup amusé en vieux célibataire anguleux et hanté par le souvenir de son grand amour.
Tous les personnages de ce roman sont particuliers et apportent une très forte dynamique au texte dans lequel il est tout bonnement impossible de s'ennuyer ! (de toutes façons, si votre attention divague, Deputy vous réveillera d'un coup de caillou bien visé!)
C'est très dommage que ce roman n'ait pas pu être achevé. J'imagine les lecteurs de l'époque qui le lisaient en épisodes sans connaître ce triste dénouement.... Le choc que ça a dû être pour eux !
Je vais maintenant continuer doucement ma découverte de Dickens durant cette année qui lui est mondialement dédiée pour le bicentenaire de sa naissance.
Livre lu dans le cadre du mois anglais organisé par Lou, Titine et moi-même, en lecture d'un auteur commun avec Lou, Titine, Karine, Eliza.
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