"Hôtel Adlon" de Philip KERR
Hôtel Adlon de Philip Kerr
Éditions du Masque, 2012, 509 pages
Bernie Gunther a quitté la police de Berlin dans le précédent opus de ses aventures. Nous sommes maintenant en 1934 et il travaille comme vigile à l'hôtel Adlon, hôtel de luxe berlinois dans lequel l'ordre et le confort absolu des clients se doivent d'être respectés. Les jeux olympiques sont prévus en 1936 et la ville s'occupe à ce que tout soit prêt dans les temps. Parallèlement, des inspecteurs venus tout droit des Etats Unis enquêtent sur les possibles preuvs d'antisémitisme dans le pays qui pourraient justifier un boycott des Jeux. Des sportifs juifs se font virer de leur fédérations.. mais alors qu'ils n'en ont pas le droit, ils se mettent à travailler sur les chantiers des Jeux pour gagner un peu d'argent, chose difficile en ces temps. Arrive alors Noreen, journaliste juive américaine, et sulfureuse, qui va traîner Bernie malgré lui, dans une enquêtes sur le mystérieux meurtre d'un boxeur juif.
Comme dans Une douce flamme, j'ai beaucoup apprécié l'aspect fouillé et la justesse historique de ce roman. Bernie semble avoir franchi un échelon supplémentaire côté cynisme, au même titre que la monté nazie dans le pays. L'enquête sert alors de prétexte à dépeindre cette époque cruciale de la mise en place du nazisme et de son irréalisme. J'ai par contre moyennement aimé l'aventure amoureuse entre Bernie et Noreen, un peu trop clichée à mon goût.
En deuxième partie du roman, Bernie se trouve propulsé dans la Havane de 1954. Il essaie de se faire oublier tant bien que mal en utilisant un faux nom et en travaillant le fer. Mais son passé le rattrape, le monde corrompu est petit ! Un vieil "ami" de Berlin se trouve tenir l'un des plus luxueux hôtels de la ville... et sa charmante amie est l'invitée d'Ernest Hemingway... Une rupture radicale dans la structure du récit qui dénote avec la première partie. C'est alors comme un second roman qui débute, et j'avoue que ça m'a un peu turlupinée. Alors que Une douce flamme alternait judicieusement entre les périodes, ici il y a comme une cassure pour se retrouver vingt ans après, procédé que j'ai trouvé un peu facile...
Une très agréable et intéressante lecture, je trouve encore une fois Bernie Gunther très attachant malgré ses zones sombres.
Choupynette a également lu ce roman, un peu à cause de moi.