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29 mai 2012

En chemin vers la Comédie du Livre, à la rencontre de Ron Butlin...

Aujourd'hui, je vais vous présenter un auteur qui est une découverte totale pour moi - ce qui me rassure sur le fait que j'ai encore plein de bons romans écossais à découvrir. J'ai emprunté Le son de ma voix à la bibliothèque après une conversation avec Laurence (qui n'est pas étrangère à la Comédie du livre) qui a su titiller ma curiosité.

Ron Butlin est un auteur écossais né en 1949. Dramaturge, poète, romancier, il vit toujours aujourd'hui à Edinburgh, sa vie natale. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, seuls trois ont été traduits et publiés en France : Le son de ma voix (2004), Visites de nuit (2005) et Appartenance (2008).

le son de ma voixLe Son de ma voix de Ron Butlin

Éditions Quidam, 2004, 136 pages

Morris Magellan vit dans une petite ville écossaise, il est marié et a deux charmants enfants, il est cadre dans une biscuiterie, la vie semble lui sourire. Mais il est hanté par des fantômes du passé, il a du mal à gérer ses émotions, alors il boit, il boit. L'alcool le ronge et le détruit, mais ça reste pour lui l'échapatoire qui lui donne l'illusion de le soulager un peu.

Voici un joli texte et un auteur que je découvre bien tardivement. Le texte aborde l'alcoolisme d'un point de vue qu'il est peu commun de retrouver dans la littérature écossaise. L'acoolisme est hélas, un thème redondant de la littérature écossaise (je dis hélas, car ça en dit long sur la société actuelle dans ce pays). Ici, le narrateur est omniscient, il dit tu pour parler de Morris et pour décrire les émotions qui l'assaillent, pour rendre compte de ce qui lui arrive au jour le jour. Quand Morris perd pied ou conscience à cause de l'acool, le narrateur prend le relais pour nous raconter le calvaire qui se déroule sous nos yeux.

C'est un texte dur et noir, mais pas du tout déprimant à lire. L'écriture est très douce et poétique, ce qui confirme l'idée que personne ne cherche à juger Morris ni à le justifier, mais juste à le comprendre. Il y a de très beaux passages dans ce romans, en particulier quand il est question d'enfants ou d'amour familiale. En effet, malgré sa dérive, Morris reste très entouré par sa famille, et en particulier par sa femme qui l'aime, tout simplement, et qui est là pour lui malgré la montée en puissance de la dépendance de son mari.

Tous ces aspects font que l'on s'attache à Morris malgré son plongeon au relenti dans la folie. Ron Butlin parvient à rendre son humanité au personnage, à le sortir de statistiques froides, des histoires connues de pères qui boivent et qui frappent leurs enfants pour se défouler... Ça arrive souvent certes, mais contrairement à tous les autres récits que j'ai pu lire, ce livre reste avant tout un roman et non pas le récit de souvenirs personnels tragiques, ce qui permet une certaine distance et une plus grande tolérance face à l'histoire de Morris. Morris est finalement quelqu'un de bien, avec un gros problème à régler.

Je suis absolument convaincu par ce texte, je l'ai lu d'une traite, j'ai tout simplement adoré.

ron butlin

Et comme j'ai beaucoup de chance, Ron Butlin a accepté de répondre à quelques unes de mes questions. Et c'est aussi agréable d'échanger des mails avec lui que de lire ses romans...

Je viens de découvrir vos livres avec Le son de ma voix qui traite du problème de l'acoolisme. Vous arrive t-il d'écrire sur des thèmes plus joyeux ou bien écrivez-vous plus souvent sur des problèmes de société ?

J'ai écrit plusieurs romans avec des personnages qui ne trouvaient pas leur place dans la société. Belonging (qui se passe en partie à Paris et en partie en Espagne) raconte l'histoire d'un vagabond. Visites de nuit parle d'un garçon qui doit faire face à de sérieux problèmes à la maison. Ces derniers temps, mes écrits sont devenus plus politiques à ce qu'on dit - il y a beaucoup de choses qui arrivent à des hommes et des femmes à cause de la bêtise des choix des politiciens ou de notre système économique et qui me mettent très en colère, il semblerait que cela se ressente dans mon travail. Ceci étant, mon travail est souvent très amusant. Mes histoires les plus récentes et mes pièces de théâtre sont considérées comme très drôles même, tout en restant très critiques sur le statut quo ambiant.

A mon humble opinion de lectrice française, il me semble qu'il y ait actuellement deux courants dans la littérature écossaise : Les romans sociaux et les romans dans lesquels la nature tient un place prédominante (et quelques fois un mixe des deux). Des remarques à ce sujet ?

Il y a indéniablement un nombre considérable de romans sociaux. Beaucoup d'entre eux ont pour thème le crime, la drogue, le chômage - Des thèmes sombres qui ne font pas des lectures très réjouissantes. Je ne m'y connais aussi bien que je le devrais en "nature writing" par contre.

En fouinant sur le net, j'ai vu que vous écriviez des romans, mais aussi des pièces de théâtre et des poèmes.. Quand une idée d'histoire vous vient à l'esprit, est-ce que c'est vous qui décidez de la forme du texte, ou bien est-ce que le texte choisit tout seul ?

Je commence tout le temps par des simples mots et j'attends de voir où ils me mènent - la plupart du temps, je ne sais pas si ça va devenir un poème ou une histoire, ou même peut-être un roman. Je ne fais aucun plan avant de rédiger, et c'est seulement au moment où j'écris que je commence à avoir une idée du sujet sur lequel je travaille. Ma pièce, Sweet Dreams (dont la première a eu lieu hier) a commencé avec l'idée d'un homme qui arrive sur scène, qui retire sa veste et son pantalon pour révéler qu'il porte un pyjama en dessous. Je n'avais pas la moindre idée de ce que j'étais en train d'écrire jusqu'à ce que je comprenne petit à petit, que je mettais en scène un personnage épuisé par le stress de la vie moderne, par les incertitudes et les remises en question perpétuelles au travail, et qui essaie de tenir le rythme face à la vitesse des nouvelles communications comme les emails etc... C'est une comédie, sous fond sérieux.

Vous écrivez en Anglais mais aussi en Scots. Pensez-vous que l'identité écossaise se traduit aujourd'huià travers la langue ? Pensez-vous qu'il y aura une tentative de renaissance du gaélique en Écosse comme c'est le cas en Irlande depuis quelques années ?

Pas certain. Avec les changements politiques que nous traversons, qui sait ce qu'il va se passer ?

Les écrivains britanniques sont les invités d'honneur de cette nouvelle édition de la Comédie du Livre, y a t-il des auteurs que vous admirez particulièrement parmi ceux qui seront présents ? Quels sont pour vous les livres incontournables de la littérature britanniques que vous avez pu rencontrer dans votre vie de lecteur ?

Je suis toujours très intéressé par le travail de mes contemporains. J'ai été chroniqueur littéraire, ce qui m'a permis de rester à la page sur ce qui se passait autour de moi. Maintenant, j'ai ce luxe de pouvoir choisir ce que je veux lire. Je suis très content et je me sens très honoré d'être en si bonne compagnie en venant à Montpellier.

Qu'en est-il de la littérature française ? Lisez-vous des romans français ?

Ca, on peut dire que oui ! J'ai tous les livres de Balzac, Proust, Maupassant et je les ai tous lus. Et puis il y a Camus, Voltaire (j'ai relu Candide* il y a juste quelques semaines), Zola etc... Une très belle littérature !

 

Je remercie Ron Butlin pour sa grande gentillesse (et pour ses alertes météo d'Edinburgh qui me font rêver!) et je lui souhaite une inoubliable Comédie du livre !

com_die_du_livre

* Les grands esprits se rencontrent !

 

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