Les mystères d'East Lynne de Mrs Henry Wood
Editions du Masque, 2004, 655 pages
Première édition : 1861
Il est des victoriens oubliés qui passent aujourd'hui totalement inaperçus à côté d'auteurs tels que Charles Dickens, Thomas Hardy, Wilkie Collins et j'en passe. Aussi, mes copines Frogs et moi-même avons décidé, ce mois-ci, de dépoussiérer un victorien. Je me suis tournée naturellement vers East-Lynne car on me l'avait vendu en lançant des arguments du genre : tu sais, c'est du même style que Wilkie.
Me voilà donc embarquée pour East Lynne, un petit village de campagne.
Isabel séjourne la plus belle demeure d'East Lynne avec son père à la santé bien fragile. Tellement fragile, qu'il en meure très vite ! Débarquent alors les créanciers qui veulent mettre main sur la demeure, qui n'est d'ailleurs plus à lui depuis quelques mois ! Isabel, la naïveté des jeunes filles anglaises même, découvre avec stupeur que son père l'a laissé sans un sous, croulant sous les dettes. Elle part alors vivre chez son oncle où elle va devoir supporter une tante hargneuse et colérique. Mais le bel Archibald, nouveau propriétaire de la demeure d'East Lynne va très vite tomber sous son charme et l'installer de nouveau à East Lynne comme sa femme. Archibald c'est le jeune anglais parfait ! Distingué, riche, honnête, gentil, souriant, intelligent etc etc... Le beau parti du coin donc !
Isabel dit ne pas l'aimer, mais bon, quand même, elle aime moyen quand Barbara tient des réunions secrètes avec son mari dans les bois le soir... surtout que la rumeur dit qu'ils étaient très proches dans leur tendre jeunesse. Pas amoureuse, mais jalouse comme personne, Isabel va alors agir comme une crétine... allant jusqu'à abandonner son mari parfait et ses enfants qu'elle adore...
Meanwhile, le mystère d'un meurtre non résolu rode sur East Lynne, le frère de Barbara en étant le principal suspect depuis des années... Qui est donc le meurtrier qui semble jeter régulièrement un voile noire sur les habitant d'East et West Lynne ?
J'ai dévoré ce long roman victorien. Il rassemble tous les procédés du roman à suspens de l'époque (on cite Wilkie Collins et Mary Elizabeth Braddon en couverture, ce n'est pas par hasard). Ellen Wood a su s'arrêter là où ça aurait été trop ! Je pense que la pauvre Isabel n'aurait pas pu passer par plus de calamités, n'aurait pas pu faire plus d'erreurs, n'aurait pas mener une vie encore plus remplie d'aventures... ça aurait été trop !
Aussi, ce roman se lit d'une traite, enfin presque vu le pavé... disons que tous les jours, on a hâte de s'y replonger pour voir ce qui va bien pouvoir arriver de plus à ces pauvres personnages !
J'ai également trouvé dans ces pages beaucoup de dérision quant à la place des femmes dans la société victorienne, les préjugés, les faux-semblants, le convenable, les relations homme-femme. Ce côté m'a bien amusée, car sans dire les choses (faut quand même être décente quand on est victorienne et qu'on veut publier un roman) on comprend bien que Barbara et Isabel sont incapables de résister à la virilité d'Archibald et qu'elles voudraient lui sauter dessus dès qu'elles posent les yeux sur lui !
La plupart des personnages annexes peuvent être très drôles en fait.
Je vous conseille donc ce roman si vous avez des besoins de britisheries et de bonnes vieilles histoires qui se passent au fin fond de la campagne anglaise.