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17 septembre 2012

"La femme qui se cognait dans les portes" de Roddy DOYLE

la_femme_qui_se_cocgnait_contre_les_portesLa femme qui se cognait dans les portes de Roddy Doyle

Editions Pavillons Laffont, 1997, 273 pages

Paula vit maintenant seule avec ses trois enfants. Pour remplir la marmite, elle fait des ménages; le matin chez des particuliers et le soir dans de grands bureaux dublinois. Elle a viré son mari il y a un an et maintenant il est mort. On découvre à travers de nombreux flashbacks, l'enfance et la jeunesse de Paula, puis sa rencontre avec Charlo, le seul grand amour de sa vie. Alors qu'elle aurait pu devenir quelqu'un de tout à fait convenable, même si pas très riche, Paula nous raconte sa dérive depuis l'enfance jusqu'à son mariage raté et sa déchéance actuelle, alcoolique, seule avec ses enfants, usée comme une vieille.

Ce roman est à lire, ne serait-ce que pour le style de l'auteur : Haché, cru, sinueux. Les scènes résonnent au cours du roman, s'arrêtent abruptement quand la tension ou la peine sont trop fortes pour changer rapidement de sujet, comme pour faire diversion. C'est comme une chanson, comme si tout au long du roman un refrain s'installait mais sans aller jusqu'au bout, intercalé avec un autre couplet, pour revenir au refrain un peu plus complet etc. J'ai eu une impression d'effet de miroir, comme quand on regarde une scène par son reflet, et qu'il suffit que l'axe change pour qu'une partie de l'histoire nous en soit occultée.

La narratrice est Paula Spencer, je ne sais pas ce que ça donne en VO, mais ici le parlé est très populaire, cru, vulgaire parfois, dérangeant. Paula est cette femme que nous regarderions de travers dans le bus, parce qu'elle sent l'alcool, parce qu'elle reflète ce que l'on ne veut pas devenir. Mais elle n'en est pas moins très touchante, car elle se rend bien compte de son état. Elle est elle-même quelqu'un qu'elle ne supporte plus d'être, et pourtant, elle ne parvient pas à trouver suffisamment de force pour changer les choses. Mais il y a de l'espoir, elle ne cesse de faire des tentatives.

Peut-être que l'auteur a décidé de nous raconter son histoire alors qu'elle n'était plus au plus bas. Disons qu'au lieu de rester bloquée au sous-sol, elle est en bas de la côte à chercher la force de la gravir. Mais au moins, côte il y a.

On a envie d'aider cette pauvre femme à s'en sortir et à se réconcilier avec elle-même, a retrouver son entrain et sa confiance en la vie qu'elle avait petite fille (ou qu'elle croyait avoir, car ses soeurs émettent de sérieux doute sur l'enfance joyeuse de son souvenir).

Un très beau livre, même si ce n'est pas une belle histoire, très touchant, très réussi, avec un rythme décapant qui nous coupe le souffle.

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Commentaires
M
Je suis contente que ça t'aie plu ! . Maintenant, faut lire la suite, "Paula Spencer" ;-)
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T
j'ai lu deux livres de l'auteur cette année.
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C
J'avais déjà vu passer ce livre et il m'avait tenté. Ton billet me redonne envie de le lire.
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