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9 août 2013

Hommage à Gaétan Soucy : "La petite fille qui aimait trop les allumettes"

gaétan s

J'amuse souvent la galerie lorsque j'évoque mes auteurs chouchous. Ce sont toujours les mêmes qui reviennent pourtant... et il n'y en a finalement pas beaucoup. S'il y en avait un dont je guettais les livres régulièrement, alors que je pouvais râter la sortie des nouveaux romans des autres, c'était Gaétan Soucy... Depuis des années je consulte amazon, depuis que j'ai épuisé son stock de livres publiés. Une fausse joie en septembre dernier alors que Les allusifs annonçaient la sortie d'un roman... qui n'a jamais été imprimé.

Gaétan Soucy nous a quitté il y a tout juste un mois, nous laissant avec seulement six ouvrages à lire et à relire.

la_petite_filleJ'ai décidé de relire La petite fille qui aimait trop les allumettes pour lui rendre hommage, peut-être mon roman préféré tous auteurs confondus.

Le roman débute sur la mort d'un père qui vit et élève seul ses deux jeunes garçons. Alors que leur père ne se présente pas un beau matin, les deux frères se décident à aller voir ce qui se passe dans la chambre de leur père et le trouve figé dans la mort. La famille vivait recluse dans sa grande maison, les deux garçons n'ont aucun contact avec la civilisation. Avec l'évènement de la mort de leur père, ils vont devoir se rendre au village pour dégoter la boite qui leur permettra d'enterrer leur père dignement. La confrontation avec la société va remettre en cause tout leur petit monde, créé et agrémenté de toutes pièces par leur défunt père.

Ce roman est un récit dérangeant et déroutant. L'histoire est racontée par l'un des jeunes garçons, et son langage est plus que surprenant : En effet, il a appris le langage à travers les mots de leur père et la Bible, ou encore quelques histoires et contes qui traînaient dans la maison. Difficile alors d'utiliser les mots à bon escient. S'en découle une langue poétique, décalée, choquante parfois qui saupoudre le roman d'humour noir.

Et puis il y a cette intrigue, l'histoire de la famille qui est révélée peu à peu au cours du récit du jeune garçon. Qu'est-ce donc que le Juste Châtiment qui trône dans un hangar près de la maison ? Qu'est devenue la mère des deux enfants ? Quels secrets cache cette famille qui, vivant en autarcie depuis si longtemps, s'est réinventé ses propres règles, sa propre morale ?

C'est une histoire floue qui s'éclaircie petit à petit, à mesure que les pages se tournent. Un histoire qui révèle la folie d'un père, quelle qu'en soit la raison.

Mais c'est avant tout une prouesse littéraire, le style de ce roman est admirable, je vous laisse juger avec quelques exemples :

  "Il nous fallait des ordres pour ne pas nous affaisser en morceaux, mon frère et moi, c'était notre mortier. A peine pouvions nous par nous-mêmes hésiter, exister, avoir peur, souffrir." (p.1)

 "Mais c'était en bordure de la pinède parmi les églantiers des odeurs agréables comme si une fée s'amusait à me surprendre en sortant tout à coup des parfums de son sac à merveilles comme on sème des pétales devant les pas d'un prince." (p.44)

  "Je me suis tout de suite senti en confiance parce que les mains ouvraient un dictionnaire intitulé les fleurs du mal." (p.68)

  "Car cheval avait pénétré à ma suite dans la maison, ce qui était un fait sans précédent et qui montrait bien que quelque chose commençait à tourner de travers au royaume de danemark." (p.95)

 "Le premier soleil d'un religion, à moins que je ne me trompe, c'est toujours un cadavre qui bouge." (p.165)

J'ai adoré cette énième relecture de ce roman... bien qu'il soit encore plus triste de lire un roman sur le deuil juste après la disparition de son auteur.

Gaétan Soucy était un auteur admirable, il laisse un grand vide dans le monde littéraire contemporain, et dans ma bibliothèque. J'ai eu la chance de le rencontrer il y a quelques années, je n'oublierai jamais cet échange dans la bonne humeur, la gentillesse et la simplicité.

En bonus, une vidéo dans laquelle l'auteur explique la façon dont il a écrit La petite fille qui aimait trop les allumettes (ne regardez pas si vous n'avez pas lu le livre!) :


Gaétan Soucy à La librairie des halles - Niort par Centredulivre

 

Aujourd'hui, d'autres blogueurs ont décidé de rendre hommage à Gaétan, voici leurs billets : Lystig et Isallysun et Delphine ont également lu La petite fille... , Denis et Sophie ont lu Music-Hall ! ... 

EDIT : Ce livre circule en Livre Voyageur, n'hésitez pas à m'indiquer en commentaire de ce billet si vous souhaitez le recevoir !

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Commentaires
L
Je viens de voir, chez Sophie, c'est évidemment très bien, et ce roman semble bien être du Soucy.<br /> <br /> Je vais essayer de compléter mon article au fur et à mesure avec les liens vers les autres chroniques.<br /> <br /> Pour Gaétan Soucy, j'ai choisi 'La petite fille'... on le verra dans quelques jours.
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S
Bonjour, tu le sais déjà, j'ai adoré Music Hall: superbe découverte pour moi! et il va encore voyager, vers Olivier... ça, ça me plaît!!<br /> <br /> http://culturelles.eklablog.com/gaetan-soucy-music-hall-a98363297
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I
Tu m'apprends là une bien triste nouvelle... Même si je n'ai lu que deux romans de cet auteur, La petite fille qui aimait les allumettes a été pour moi une expérience bouleversante...
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Y
J'ai lu l'acquittement mais je n'ai pas eu le temps d'écrire mon billet, j'ai adoré l'écriture et je sais déjà que je vais lire tous ses romans sauf qu'il n'en a pas écrit assez :-(
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U
Publication antidatée en cours de mise en ligne :s
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