"Khadija" de Marek HALTER
Khadija - Les femmes de l'Islam 1 de Marek Halter
Éditions Robert Laffont, 2014, 358 pages
Khadija est une veuve de près de quarante ans. Elle est belle, intelligente, fière, digne, dotée d'un fort caractère. Elle dirige la fortune qu'elle a héritée de son mari, c'est à dire un commerce et des caravanes à travers l'Afrique. C'est à La Mecque que tout se passe alors, elle vit dans une grande maison de terre avec ses serviteurs, elle s'ennuie et aurait besoin de l'appui d'un homme pour que son pouvoir sur la cité soit encore plus fort. Bientôt, elle se languit de l'un de ses serviteurs et homme de confiance qui suit ses diverses caravanes. Muhammad, de dix ans son aîné, va accepter de l'épouser et un amour passionné et charnel va s'épanouir entre les deux époux. Elle lui donnera trois filles et, à son grand malheur, juste un fils. Tout cela se passe en plein désert, dans les années 500 après J.C.
D'aucuns l'auront compris - moi j'ai mis du temps - peut-être que si je n'étais pas allergique aux bandeaux sur les livres (que je jette direct) et que si je lisais les 4ème pages de couv' j'aurais percuté plus tôt - ce livre raconte l'histoire de Khadija, la femme du prophète Mahomet.
Cette lecture pour moi a été toute une expérience. Sans les Éditions Robert Laffont (que je remercie), il est plus que sûr que je n'aurais jamais posé les yeux sur ce roman : Je rejette généralement tout ce qui est religion, quelque soit la religion. L'islam en particulier depuis une cohabitation forcée avec quelqu'un de borné. Chacun croit ce qu'il veut, simplement je ne crois en rien et faut surtout pas me prendre de haut et me dire que j'ai tort !
Ce qui m'a alors frappé dans ce roman, c'est la femme qu'était Khadija, femme du prophète je le rappelle : Une femme sensuelle, qui demande Muhammad en mariage ! Elle est libre, mène un commerce etc... Ceci est bien différent de ce que je peux observer autour de moi. A côté d'elle, je trouve que Muhammad est, au contraire, un personnage bien plus discret et effacé.
Néanmoins, malgré mes nombreuses réticences, j'ai lu ce roman avec grand plaisir et beaucoup d'intérêt, car force est de constater mes nombreuses lacunes sur toute cette région. Cette lecture a été pour moi la découverte d'un texte mais également la découverte de tout un environnement qui m'était étranger. Je ne m'étais jamais demandé ce qu'était ce bloc drapé de noir à la Mecque par exemple. Alors j'ai passé des heures à fouiner, sur les personnages, sur la Mecque, sur cette pierre noire sacrée afin de tout comprendre et de ne pas passer à côté d'un certains nombre de détails du roman.
J'entends souvent les lecteurs ou les écrivains dire que lire, c'est en apprendre un peu plus sur soi. Je ne suis pas d'accord avec tout ça pour la plupart des lectures, je lis avant tout pour en apprendre sur les autres. Pareil avec ce roman sauf que j'ai vécu une expérience un peu étrange. Même si je suis athée et que je ne crois en rien, j'ai réalisé que j'avais totalement hérité des concepts du catholicisme, tout comme des mythes (pour moi ce sont des mythes, ahem). Je reconnaissais tous les personnages présents également dans la bible, et je me sentais alors en terre connue, comme à la maison. C'est très étrange. Je n'aurais jamais imaginé qu'un roman puisse avoir cet effet sur moi !
Enfin, moi qui ne lis jamais de roman qui se passe au Moyen-Orient ou en Afrique, la lecture du roman a été un véritable voyage ! J'imaginais les chameaux, le desert, les dunes, le sable, les oasis. sachant que je rêve d'aller un jour au Sahara, ce fut un expérience magique ! Ah et qu'est-ce que j'aurais aimé goûter ces olives au fromages et tout et tout ! (j'aime la cuisine orientale!)
Voilà pour ma lecture assez personnelle de ce roman... je lirai les deux autres tomes à venir, Fatima et Aïcha avec grand plaisir ! Et je ne suis pas loin de lire ses autres ouvrages consacrés aux femme de la Bible et du judaïsme ! (enfin quand ma pal aura baissé, hein!) car ce que j'ai aimé dans ce livre, c'est que l'auteur ne cherche pas à nous démontrer quelque chose, il nous raconte juste une histoire, et une belle histoire. La religion de ce point de vue, finalement, ça me va ! (à lire, hein!)
Et comme je suis une sacrée privilégiée, j'ai pu rencontrer ce matin Marek Halter au salon de thé de la grande mosquée de Paris en compagnie de plusieurs autres blogueuses, et cela, grâce à la bienveillance des Éditions Robert Laffont (que je remercie encore!). Nous avons passé un moment magique en ce lieu chaleureux, à siroter du thé, à grignoter un plat gargantuesque de pâtisseries orientales et à écouter Marek Halter nous raconter son destin incroyable et nous décrire son univers. J'ai aimé son humilité, sa simplicité, sa gentillesse, son intelligence et sa curiosité pour le monde. L'entendre parler, c'est un peu comme lire un récit ! Il faut partie de ces gens qui vous inspirent !
En tout cas, je le remercie de m'avoir permis de voguer à dos de chameau en Arabie Saoudite, d'avoir forcé mon esprit borné à me plonger dans cet univers, c'est un exploit !
Les billets de Leiloona et de L'Irrégulière.
Quelques photos de la rencontre...