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30 avril 2015

"Le mur invisible" de Marlen HAUSHOFER

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Le mur invisible de Marlen Haushofer

Traduit de l'allemand par Liselotte Bodo et Jacqueline Chambon

Éditions Actes Sud, 1963, 345 pages

Une femme, la narratrice dont on ne connaîtra jamais le nom, vient passer quelques jours avec sa soeur et son beau-frère dans les Alpes autrichiennes. Le premier soir, sa soeur taquine son mari jusqu'à ce qu'il accepte d'aller avec elle au village pour faire quelques courses. La femme reste toute seule et s'endort, épuisée, sans attendre leur retour. Le lendemain matin, elle se rend compte qu'ils ne sont pas rentrés. Elle attend et ils ne reviennent jamais. Elle part alors se promener dans les montagnes mais elle se trouve soudain arrêtée par un mur invisible, elle voit à travers mais elle ne peut pas le franchir, ni le casser. Au loin, elle aperçoit des gens qui ont l'air figé. Plus aucun oiseau ne vole au-delà du mur, même les vaches semble avoir été transformées en pierre sur leur pâture. La narratrice entreprend bientôt de tenir un journal, et c'est le texte que l'on a entre les main. Elle nous raconte sa captivité dans les montagnes, seule. Elle a le chien du contremaître comme compagnon, puis une vache désespérée débarque, et ensuite une chate. La narratrice doit alors s'organiser pour survivre au quotidien avec ce qu'elle a : le lait de la vache si précieux et les plantations qu'elle entreprend maladroitement au début. Elle raconte tous les jours ce qui lui arrive, ou pas. Elle s'accroche à ses animaux, ses compagnons d'infortune dont elle se sent responsable. Elle s'impose un emploi du temps pour tenter de continuer à vivre comme un être humain, tant bien que mal parfois. Petit à petit, elle s'éloigne de la société telle qu'on la connaît, sa montre tombe en panne, elle perd parfois le file des dates, mais elle se raccroche au temps, même s'il devient incertain.

On a l'impression qu'il ne se passe pas grand chose dans ce roman, et c'est en fait le cas, soyons honnête, pourtant ce livre se lit avec beaucoup d'intérêt, je l'ai lu en quelques jours seulement et à aucun moment mon attention ne s'est relâchée. Le style de l'auteur y est pour beaucoup, elle raconte son quotidien de façon à nous le faire vivre avec elle, avec ses peines et ses joies aussi, et avec beaucoup de douceur. Elle nous transmet son amour et son respect pour la nature, elle se plie d'ailleurs au rythme de dame nature sans jamais se plaindre, elle comprend de toute façon bien vite qu'elle doit s'accomoder et suivre le rythme imposée par la nature pour parvenir à survivre. La nature est comme une vieille amie pour la narratrice, protectrice. La relation entre les animaux et la narratrice est également exceptionnelle et, évidemment, cela m'a beaucoup plu. Marlen Haushofer a un don certain pour comprendre les animaux et pour en parler, pour décrire avec exactitude leur comportement (les passages sur le chien et les chats sont une totale réussite) et quand on a l'habitude des animaux, on ne peut que sourire, c'est tellement ça !

Le récit ne m'a pas semblé chronologique pour autant, et parfois je me demandais qui racontait : La narratrice au temps des faits, ou la narratrice plus tard ? Car bien que l'on lise un cahier de notes, ce n'est quand même pas bien clair... et il y a de nombreux flashforwards à la mine de rien qui, malgré tout, posent un léger suspens.

Alors que la vie est toujours bien compliquée en ce moment, j'ai trouvé refuge dans ce livre, au milieu des montagnes autrichiennes en suivant avec grand intérêt le destin de cette femme qui se bat jour après jour pour ne pas perdre la tête, ni son humanité et pour se sauver elle et ses animaux.

Pour résumer ce roman, je prends la liberté de citer l'auteur Bruno Hébert qui, quand j'ai commencé à en parler sur facebook, a commenter en disant " C'est un livre dans lequel il ne se passe rien et où tout peut arriver", c'est TELLEMENT ça ! (encore une fois) Et ce livre fut un véritable coup de coeur pour moi ! Ce texte m'est arrivé dans les mains exactement au moment parfait !

J'ai également eu beaucoup de plaisir à lire mon livre dans mon édition bien singulière : Un livre relié, sa couverture rigide recouverte d'un tissu vert pâle, le texte imprimé sur du beau papier crème... oui j'ai eu "le nez" de ne rien préciser en commandant mon livre chez mon libraire et de recevoir mon livre en édition "Les inépuisables" de chez Actes Sud. J'avais du coup l'impression, effectivement, de lire un vieux texte retrouvé sur un vieux support.

J'ai été embarquée dans ce roman par ma copine A girl from earth (il faut qu'on continue les LC ensemble, ce sont toujours de belles découvertes improbables!), en LC avec celle-ci ainsi que Keisha et Zarline (qui est en retard car perdue dans une lecture encore plus improbable! hihi!)

Et voici ma huitième participation au Challenge Union Européenne en 28 livres : Autriche.

Challenge Europe

 

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Commentaires
A
Je l'ai lu il y a quelques années, j'avais beaucoup aimé. J'aime beaucoup la phrase que que tu as reprise " C'est un livre dans lequel il ne se passe rien et où tout peut arriver"
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L
Je l'ai lu en début d'année et ai été aussi envoûtée que toi.
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Z
Décidément, vous me faites une sacrée réputation ;-)<br /> <br /> Bon, cette lecture me parait beaucoup plus dans mes cordes (ha ha ha, ma dernière lecture déteint sur mon vocabulaire) et ce que tu dis de son rapport aux animaux me parlera certainement. Promis, je m'y mets tout bientôt.
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Y
Tu me donnes trop envie :-)
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A
Ouep, ces animaux et leur rapport à la narratrice nous aura toutes marquées et enthousiasmées.:-) J'ai eu quelques soucis aussi sur la chronologie des événements mais ça rend le tout assez réaliste aussi. Bref, toujours partante pour une LC avec toi, surtout sur des lectures improbables !:-)
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