La serpe de Philippe Jaenada
Éditions Julliard, 2017, 643 pages
Georges Arnaud (l'écrivain que je ne connaissais pas), Henri Girard (de son vrai nom) est en visite dans le château de famille à Escoire, dans lequel sont aussi présents son père et sa tante. Tôt, un matin d'octobre 1941, on l'entend crier : Son père (Georges) sa tante (Amélie) et leur bonne (Louise) ont été massacrés dans la nuit à coup de serpe. Tout désigne Henri comme coupable : Il est sur les lieux, c'est le seul à avoir échappé à la tuerie, la serpe a pénétré le château par sa main. Mais lui, il le crie haut et fort, il n'est pas coupable ! D'ailleurs, le verdict de son procès le confirme : Acquittement !
Philippe Jaenada va retracer son histoire. Dans la première partie de son ouvrage, il va nous raconter la vie grand public de Henri (à charge!), son enfance, ses rapports avec ses parents (son traumatisme lié à la mort de sa mère alors qu'il n'est encore qu'un enfant), sa vie tumultueuse avant et après le procès et son ascension en tant qu'écrivain. Une vie pour le peu romanesque ! Et puis, en deuxième partie de son livre, Phil va mener sa propre contre-enquête et passer à la loupe tous les éléments du dossier. Les meurtres ont eu lieu en pleine guerre et on sent bien que c'est le bazar. Les policiers en charge du dossier ont l'air de débutants et le lecteur hallucine de découvrir tous les détails importants mis de côté... on ne sait pas trop pourquoi.
Mais Phil ne fait bien sûr pas que raconter l'histoire de Henri (ceux qui le connaissent savent que c'est juste impossible) car son kiffe dans la vie, ce sont les digressions. V'là-t'y pas que je te parle de mon fils, de ma femme, de mon dîner dans un restaurant chinois, de moutons, de bavette avec ou sans frites, du Club des cinq ! Et c'est franchement drôle. Ses touches humoristiques permettent alors de lire une histoire assez glauque - il faut l'admettre - avec le sourire aux lèvres. On s'attache (ou pas) aux personnages, mais on s'attache aussi beaucoup à Phi-phi !
Au lecteur, en fin de livre, de se faire son propre avis sur la culpabilité ou non de Henri, il a toutes les cartes en main.
J'ai passé un agréable moment à lire ce livre. Je suis en effet passionnée d'enquêtes criminelles (tout comme Phil, je regarde les émissions de crimes avec délectation à la tv!). J'ai aimé le regard minutieux sur les crimes, le fait que chaque élément qui semble parfois anodin ait été dépoussiéré, avec en plus beaucoup de dérision et d'humour.
Livre lu pour le challenge "A l'assaut des pavés" en compagnie de A Girl, Nasaissa et Stéphanie. Merci les filles, c'était cool de partager cette expérience avec vous ! :)