Number 11 de Jonathan Coe or Tales that Witness Madness
Editions Penguin books, 2015, 351 pages
Ce roman ressemble au premier abord bien davantage à un recueil de nouvelles. Même si dès le début on reconnait des personnages d'un chapitre à l'autre, il n'y a pas vraiment de continuité de prime abord (d'où le titre "Tales" j'imagine.) D'autant plus que le roman avance dans le temps et le narrateur, loin d'être omniscient, raconte uniquement la vie du personnage au temps présent et dont il a la charge dans son chapitre, donc plein d'ellipses.
Par contre, il y a comme un mouvement cyclique dans la construction du roman, il commence et termine au même endroit, dans la maison des grands parents de Rachel. Et finalement, c'est l'histoire de Rachel que l'on suivra aussi plus en détail.
Alors il se passe plein de choses dans ce roman hanté par le numéro 11, qui est d'ailleurs également le onzième roman de Jonathan Coe. Tout d'abord, les aventures de Rachel, habitée par un souvenir de jardin lors de ses vacances avec Alison alors qu'elles étaient enfants. Puis Alison, présentée comme la parfaite cible et qui incarne tout ce qu'une société conservatrice anglaise n'aime pas : noire, handicapée, lesbienne et bénéficiaire d'aides sociales. La mère d'Alison qui est une has-been de la chanson qui tentera sa chance dans une émission de télé-réalité pour pouvoir payer ses factures de chauffage. Laura, la directrice de recherche de Rachel qui n'est pas loin de sombrer dans une folie douce qui la plonge dans des nanars dédiés au monstre du Loch Ness depuis que la même obsession a tué son mari. Une journaliste égocentrique qui ne supporte pas la critique. Et enfin, une famille multi millionnaire (ou plus) pour laquelle travaillera Rachel comme professeur particulier pour ses enfants, qui a la folie des grandeurs et les pieds qui ne touchent pas souvent le sol. Sans oublier Livia de Bucarest qui promène les chiens du quartier, mais pas que !
Le roman présente alors une Angleterre sombre, tout le long du roman on a une sensation d'obscurité, de froid, de maladie, d'un pays qui ne fait pas trop rêvé. Et pourtant, ce roman est loin d'être déprimant. Tout d'abord parce que l'écriture est fine et intelligente, on sent que Jonathan Coe s'amuse dans la construction de son intrigue et qu'il s'amuse avec son lecteur. C'est également un roman avec beaucoup de références, et j'ai passé beaucoup de temps à tout vérifier sur internet, comme un jeu de piste. Et puis, c'est drôle et déroutant, tant et si bien que je ne suis pas certaine d'avoir compris le fou dénouement de cette folle histoire !
Tout comme lors de ma lecture de L'Odyssée du Marsouin de Mark Haddon, j'ai retrouvé un plaisir de lecture que j'avais à la fac, la découverte d'un nouvel auteur qui m'embarquait par son style ou son univers, un univers riche et réfléchi avec plein de tiroirs à tirer pour ne pas s'en tenir uniquement à l'intrigue latente.
Ce livre m'a alors menée au visionnage d'un film déjanté qui s'intitule What a Whopper! et dont je vous parlerai prochainement, puis à la lecture de The Door in the Wall de HG Wells (dont je ne vous parlerai pas, parce que je n'ai pas spécialement aimé...) et plus encore !
Et ce n'était pas une mauvaise idée car What a Whopper! pose l'ambiance de la fin du roman, et je n'ai pas bien compris non plus la fin du film ! Haha !
Pour conclure, vous comprendrez que j'ai adoré ce roman, je l'ai dévoré et j'en ai fait un coup de coeur. Jonathan Coe est sans conteste un auteur pour moi et je dois continuer ma découverte de ses autres livres !
Livre lu pour le thème "Jonathan Coe" d'avril dans le cadre de A year in England que j'organise durant toute cette année avec mes copines Lou et Titine.