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15 décembre 2011

"Nord et Sud" de Elizabeth GASKELL

nord et sudNord et Sud de Elizabeth GASKELL

Éditions Points, 2011, 672 pages

Margaret vit avec ses parents dans un petit village de campagne du Hampshire en Angleterre. La nature est chatoyante, la famille dont le père est pasteur est bien intégrée dans la petite communauté, chacun mettant un point d'honneur à faire de bonnes actions pour rendre la vie des villageois plus agréable. Tout aurait pu suivre son cours s'il n'étais pas venu au père de Margaret l'idée farfelue de se remettre en question ainsi que sa foi, et par conséquent sa place dans la communauté. Les voilà donc partis pour Milton, ville industrielle du nord du pays. Les nouveaux venus vont avoir bien du mal à se faire à cette atmosphère grise et poussiéreuse, ainsi qu'à la vulgarité ambiante des ouvriers. Et que dire de John Thornton, propriétaire de la filature du village qui se prend d'amitié pour le propre père de Margaret et qui ose faire les yeux doux à la jeune fille !

Il est des livres dont il est dangereux voire néfaste d'écouter parler les copines, même les plus dignes de confiance. Ça fait quelques années maintenant que j'entends parler par-ci par-là de Dame Gaskell, toujours associée avec ce terme des plus rebutants : Roman industriel. C'est que le monde ouvrier je le connais bien, et franchement il y a des thèmes qui me font quand même plus rêver que de suivre le quotidien des ouvriers d'une filature. Je fais un rejet un peu extrême du monde ouvrier il faut dire (et des syndicats et de la politique, tout étant lié, et il ne serait pas faux d'y voir là un traumatisme d'enfance).

Donc, un roman industriel... ahem... heureusement que l'une de mes copines victoriennes m'a mis dans les mains la série BBC qui a un peu redoré l'image que je pouvais me faire de ce livre.

Le milieu industriel est bien sûr très présent dans ce roman. Margaret et sa mère sont pleine de préjugés et n'y vont pas de main morte pour décrire le monde qui les entoure à leur arrivée. Ça ne donne pas du tout du tout envie d'y aller. Mais Margaret est très jeune, et ce déménagement est pour elle l'occasion d'ouvrir ses petits yeux naïfs sur la société et sur les gens qu'elle rencontre. Sa mère refusera totalement, et ne s'en sortira pas indemne, j'y vois une métaphore. Le monde ouvrier est parfaitement dépeint et je n'ai pu m'empêcher de me souvenir de New Larnark à la lecture de ces pages. Je comprends d'ailleurs maintenant une certaine Isil qui s'imaginait entourée de poussière de laine lors de notre visite de la filature là-bas.

Ensuite, parce que nous sommes ici en plein roman victorien, avec toujours des histoires de coeur compliquées, on se doute bien que l'intrigue va également beaucoup tourner autour de Margaret et de John, renforçant par la même occasion le gouffre entre la vie à la campagne et la vie en ville industrielle. Et pourtant, la jeune Margaret va petit à petit tomber de ses positions bien campées. Sa découverte du monde industriel va de paire avec son rapprochement timide avec Thornton, j'y vois là aussi une métaphore.

Il est déroutant de voir que les problèmes ouvriers n'ont pas du tout évolués depuis le 19ème siècle... On fait appel à de la main d'oeuvre étrangère bon marché si les ouvriers locaux se font un peu trop dérangeants... et pourquoi on ne délocaliserait pas non plus d'ailleurs ?

Parlons maintenant du non-couple Margaret / John. Je dois dire que Margaret m'a sensiblement énervée tout au long de ce roman. A chaque fois qu'un homme s'intéresse à elle, même poliment, même dans les convenances de l'époque, elle le prend comme un affront, une insulte ! Elle ne se pose même pas la question de savoir si oui ou non le jeune homme peut lui plaire : Non, elle s'énnerve et elle boude furieuse dans son coin pendant des mois et des mois. Ces deux-là, on a l'impression qu'ils font tout pour ne pas finir ensemble, alors que finalement, c'est ce qu'ils attendent tous les deux. John est borné et il n'a pas confiance en lui, alors on comprend vite que ça va être difficile pour lui à force de se prendre des vents violents de la part de Margaret, qui elle est simplement gamine et énervante.

Enfin, soulignons l'humour dans ce roman avec les personnages de Dixon, la vieille femme de charge de la maison un peu bourrue et qui n'hésite pas à faire sa loi, et le vieux Mr Bell, grand séducteur à l'esprit acéré.

Une bonne découverte pour moi, et je relirai volontiers cet auteur dès que l'occasion se présentera (et les copines, ça ne veut pas dire qu'il faut que vous m'en prêtiez un la prochaine fois que l'on se voit!)

Retrouvez également les billets de Karine, ElizaMaijoLou et Titine.

God save the tea

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Commentaires
F
Enfin lu (et adoré) !!! j'ajoute un lien vers cette chronique!
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A
Bonsoir à tout le monde,<br /> <br /> Je viens de voir la série "Nord et Sud", et je n'en reviens toujours pas : c'est entre les plus beaux films romantiques que j'ai jamais vus. Du coup, j'ai commencé à chercher le roman, sur le net, mais que dalle. Peut-être vous l'avez, vous ? Si oui, est-ce que vous pourriez me le passer, s'il vous plaît ? Et d'ailleurs, c'est sûr que je vais l'acheter en librarie, mais je veux aussi l'avoir en support informatique.<br /> <br /> Si quelqu'un l'a, faites-moi le savoir, vous comblerez un lecteur un peu sous le charme de Gaskell.<br /> <br /> Merci, et portez-vous bien (ce "portez-vous bien", depuis le film, prend une terrible tournure, vous voyez quand Margaret va voir John à la maison, avant de partir pour la campagne ? Le pauvre John qui attendait un seul petit mot... mais rien. Enfin.)
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J
Je n'avais pas trop aimé le roman à la première lecture : Margaret m'agaçait moi aussi et je trouvaisl'aspect religieux ennuyeux...même si j'ai beaucoup aimé Higgins ! <br /> <br /> Quelques années plus tard, j'ai vu la mini*série qui a été un gros coup de coeur (il faut dire que j'ai adoré Toby Stephens dans ce rôle) et je l'ai relu avec plus de plaisir. Toutefois, je crois que c'est un des rares cas où je préfère l'adaptation à l'oeuvre originale : il y a plus de rythme et j'ai beaucoup aimé le traitement de la romancance !
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C
@ Soukee : Ah oui, faudrait que j'en cherche d'autres pour mon kindle quand l'envie me prendra de me replonger dans les écrits de Miss Gaskell.<br /> Je vais aller voir ton article, mais je suis un peu en retard sur la lecture des billets du challenge !<br /> <br /> @ Titine : Non ce n'est pas barbant, c'est juste le terme qui sonne pas beau :)<br /> Mais je suis prête à en lire d'autres, pour garder mes copines !<br /> <br /> @ Keisha : J'étais tellement pas sûre d'aimer le côté industriel que je ne m'y serais jamais tentée en VO ! Bravo ! ;)<br /> <br /> @ Maijo : Ouf! J'ai bien fait d'être malade samedi ! ;) (je plaisante!)<br /> Oui "Wives & Daughters" me fait moins peur ;)<br /> <br /> @ Valérie : Presque seulement ? Lance-toi, ce roman est très bon !<br /> <br /> @ Karine : Oui j'ai trouvé plein d'humour chez les personnages secondaires ! Même si je critique un peu ce roman, j'ai bien aimé !<br /> <br /> @ Eliza : C'est vrai que c'est un roman très riche, mais la relation John/Margaret... brrr ! Enfin John ça allait, mais Margaret.. brr ! ;)<br /> <br /> @ Isil : Oui mais "Roman social" ça fait pas peur, alors que "Roman industriel"...<br /> <br /> @ Mélodie : Pas moi ! Malgré mon amour de l'Angleterre ;)<br /> <br /> @ Maeve : Oh ben oui, fonce alors !!<br /> <br /> @ Lou : Moi j'avais pas trop aimé le Thornton de la série... mais je l'imaginais incarné par Toby Stephens quand je l'ai lu, et tout de suite ça passait bien mieux :D
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L
Tu me fais marrer avec John qui se prend un vent, mais c'est vrai qu'elle lui mène la vie dure Margaret ! Le roman industriel ne fait pas rêver comme ça (je ne sais pas pourquoi je pense à Germinal à chaque fois alors que ce sont les mines, un peu rien à voir) mais moi dès que c'est anglais j'ai un peu moins peur (et pour "Nord et Sud" j'étais tombée sous le charme de Thornton en voyant l'adaptation)
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