"The Black House" de Peter MAY
The Black House de Peter May (L'île des chasseurs d'oiseaux)
Editions Quercus, 2011, 386 pages
Fin MacLeod est flic à Edinburgh (dans le même bâtiment que Rebus, d'ailleurs). Tout va mal dans sa vie, son petit garçon vient de mourir et sa relation avec sa femme bat de l'aile, son boulot l'ennuie. Lorsqu'on décide de l'envoyer enquêter sur son île natale, l'île de Lewis, on pourrait croire à un souffle d'air frais pour lui, mais il n'a pas l'air enchanté de l'opportunité... Il n'a pas vraiment le choix alors il traverse l'Écosse, prend un ferry douteux, et se retrouve sur l'île. Il doit enquêter sur un meurtre, la victime est une connaissance de Fin, le caïd de ses années collège et lycée, celui qui traumatisé toute une génération.
Présenté comme ça, on pourrait croire à un polar, mais ce livre, c'est avant tout l'histoire de Fin. Alors qu'il se replonge dans l'ambiance de l'île, dans cette communauté très fermée, qu'il essaie de mener l'enquête auprès des gens qui furent ces amis de longues années auparavant; c'est son histoire qui resurgit par petites bouffées. Plus l'enquête avance, plus on découvre l'enfance de cette génération, étouffante et sombre sur cette petite île bien souvent comparée à une prison. Il y a d'ailleurs beaucoup de jalousie et de rancoeur envers Fin lorsqu'il revient, lui qui a réussi à s'échaper et qui les a tous abandonnés derrière à un moment ou l'autre de sa vie.
L'intrigue est hantée par une tradition ancestrale de l'île : Une fois par an, une équipe de dix hommes de l'île part sur An Sgeir, le rocher... une île sauvage peuplée de fous de bassans. Ce voyage fait figure de rite initiatique pour chaque jeune homme qui embarque pour la première fois. Ces chasseurs d'oiseaux ont tout le respect de l'île. Synonyme de toute la sauvagerie dont l'homme est capable (des milliers gugas - des bébés fous de bassans - sont tués chaque année lors de leur visite), ce passage annuel sur l'île représente un véritable pacte entre les chasseurs, tout ce qui s'y passe doit rester la-bas. Comme tout ce qui se passe de plus sombre dans la nature humaine.
Quand un jour de gaélique une copine vous tombe dessus, plus qu'entousiaste, avec ce roman à la main et vous dit : Ce livre est pour toi !!!!!!! Après un oeil rapide sur la couverture (non mais vous avez vu cette couv'??), vous ne réfléchissez même pas ! Vous foncez ! Et dans mon cas, vous ouvrez le livre et pendant trois jours vous êtes totalement anti-sociale.
Ce livre était effectivement pour moi... Je crois qu'il est maintenant de notoriété publique internationnale que j'aime les îles paumées en Ecosse. Alors si en plus l'histoire se passe parmi une communauté de locuteurs gaéliques, vous me perdez totalement !
L'atmosphère insulaire écossaise est très bien rendue, le climat, les gens, les habitudes etc... de nombreux sourires quand des passages me sont apparus comme de multiples clins d'oeil à mes voyages à Arran. Vraiment, lorsqu'on ouvre ce livre, on est propulsés à Lewis ! (si en plus chez nous, il pleut dehors, qu'on est dans notre lit avec des litres de thé et qu'on a pas à sortir pour aller bosser - merci les vacances - c'est le bonheur total !)
Mais ce n'est pas tout (car je sais bien que vous pensez qu'il suffit d'une ambiance purement écossaise et je suis comblée!) : L'intrigue est très bien menée, j'ai adoré les révélations qui arrivent comme de petites touches de peinture de-ci de-là jusqu'à ce que tout se révèle à nous (pas avant les dernières pages, bien sûr, sinon ça perd tout son intérêt). J'ai aimé l'ambiance noire du roman qui nous plonge totalement dans la mauvaise conscience collective. Ce roman est bien écrit, c'est un régal à lire (lisez-le en anglais si vous le pouvez, l'atmosphère est toujours plus prenante).
Encore une précision avant de termine, si vous aviez encore une doute : Ce livre est un énorme coup de coeur !! Et la bonne nouvelle, c'est que je reçois la suite dans deux jours !! Le livre a d'abord été publié en français, vous pouvez donc vous procurer sans difficulté L'île des chasseurs d'oiseaux en poche, ainsi que L'homme de Lewis (celui-là même qui vient de paraître en anglais et qui est en route vers moi !) - parce que l'autre bonne nouvelle, c'est que c'est une triolgie !
Et pis, hop, tiens, je lui décerne un kilstissime d'or !