"La lumière qui s'éteint" de Rudyard KILIPING
La lumière qui s'éteint de Rudyard Kipling (The Light That Failed)
Kindle Éditions, 1890, 288 pages
Dick Heldar est un peintre de renom... Pas n'importe quel peintre, il est en fait correspondant de guerre et doit rendre compte des combats à travers ses dessins et il est sacrement doué ! La fortune et le talent ne sont néanmoins pas faciles à assumer quand on a grandi en famille d'accueil, battu et sans amour. Après un séjour au Soudan, il rentre à Londres et va s'installer dans son atelier et vivre largement de ses peintures. Il a une soif de peindre, d'économiser, pour ne plus jamais se sentir comme une moins que rien. Il a deux compères qui mènent un peu la même vie que lui et qui souvent essaient de lui remettre un peu le melon à une taille plus normale : Torpenhow et l'Antilope. Mais voilà qu'un jour, il tombe par hasard sur son amie d'enfance dans les rues de Londres, sa seule véritable amie à vrai dire, son seul amour : Maisie. La jeune femme a bien grandi depuis leur balades juvéniles sur la place mais elle reste tout aussi pétillante, têtue, séduisante. Elle est peintre elle aussi, mais bien piètre artiste par rapport à Dick. Il va négocier pour lui rendre visite régulièrement, lui fou d'amour et une concurrence picturale va s'installer entre les deux amis, elle, vraiment pas décidée à à céder aux avances de Dick. Un jour, un grand malheur tombe sur Dick et il devient soudain aveugle. Il va alors découvrir la vraie valeur de la vie alors que pour lui tout n'est plus que ténèbres, lui qui vivait pour la lumière et auquel la lumière apportait tant !
Voici ma belle et improbable découverte du mois anglais. Après avoir lu le billet de Praline, j'ai téléchargé le roman de Kipling. Pourquoi ? Telle est la question... Kipling a toujours été un auteur qui m'a fait peur, c'est une phobie littéraire parce que le pauvre bougre ne m'a jamais rien fait de méchant. Mais voilà, les écrivains voyageurs victoriens, les bateaux, les colonies tout ça, ça me fait peur... Et quand même, notre ami Kipling fut un sacré baroudeur. Bref, ça fait très peur ! (oui pas très logique pour quelqu'un qui aime voyager comme moi, bref.) Donc Kipling, je le charge sur ma liseuse et je le commence. Et je me marre. Et j'ai du mal à la lâcher...
J'ai absolument dévoré ce roman ! J'ai adoré le personnage de Dick et sa folle relation avec Maisie, les dialogues et les situations entre eux sont croustillantes, savoureuses, d'un humour bien anglais comme je l'aime ! Dick est un jeune homme complètement fou, guidé par ses passions : Celle se la peinture, celle de la gloire et sa passion amoureuse pour Maisie. Il est un peu insupportable au premier abord mais bien amusant tout de même ! La deuxième partie du livre est plus sombre et Dick n'en devient que plus attachant.
Il y a un sacré contraste entre la lumière du roman, les majestueuses descriptions de la nature africaine (oh comme j'ai aimé ces passages!), la force de la peinture de Dick et sa cécité, sa déchéance... C'est tragique mais beau à la fois, Dick est un personnage finalement tout en profondeur et tout en tendresse.
Mais c'est aussi très amusant, toutes les relations entre les personnages qui tournoient autour de Dick sont pleins de verve. Dick a vraiment des remarques incongrues et j'ai vraiment beaucoup ri à le suivre !
Enfin, j'ai l'impression que Dorian Gray me poursuit, je l'avais déjà trouvé bien présent dans The Well-Beloved de Thomas Hardy et le voilà de retour, dans une toute autre version dans La lumière qui s'éteint... ou que devient l'âme d'une artiste quand il ne peut plus pratiquer son art, quand son art l'abandonne, quand sa création le trahit pour quelque raison que ce soit ?
Je pense que je peux dire que j'ai eu un coup de coeur fatal pour ce roman ! Je remercie alors Praline pour cette découverte !
Livre lu dans le cadre du Mois anglais, of course !