"Dernières nouvelles du Sud" de Luis SEPULVEDA et Daniel MORDZINSKI
Dernières nouvelles du Sud de Luis Sepulveda de Daniel Mordzinski
Editions Métailié, 2012, 182 pages
Alors qu'ils prennent un verre dans un café parisien, Luis Sepulveda (auteur que l'on sait) et Daniel Mordzinski (photographe) décident de partir ensemble en voyage qui devait les mener de San Carlos de Bariloche en Argentine en se dirigeant toujours plus au sud, jusqu'à la Patagonie. Il partent, Daniel fait des photos, mais l'idée d'un livre cesse d'être leur préoccupation première. A leur retour, chacun reprend sa vie, sans plus trop ne parler du livre. Pourtant, Luis Sepulveda travaillera sur ce livre en secret, jusqu'à la version finale que voici.
Ce livre n'est pas un récit de voyage conventionnel. En effet, Sepulveda a choisi la forme d'un recueil de nouvelles, illustré par les magnifiques photo en noir et blanc de Mordzinski, pour témoigner de son voyages, de ses rencontres et de ses sentiments. Ses nouvelles racontent parfois le destin hors du commun de gens tout à fait comme nous ("La dame au miracle") ou témoignent de l'histoire des lieux qu'ils traversent (on rencontre l'arrière petit fils de David Crockett , ou encore, moins amusant, des nazis...) : la politique d'extérmination des indiens à travers les âges, alors que la culture et la nature s'acharnent à résister et à survivre.
Les histoires racontées sont tantôt touchantes, révoltantes, amusantes, comme un panel de la vie en Argentine. Les photos quant à elles, tendent à rendre la simplicité de la vie et des gens : Le photographe cherche à rendre l'image des gens dans tout leur naturel, leur simplicité, leur humanité, leur réalisme.
Enfin, quel bonheur de lire un récit de voyage rédigé par un écrivain ! On retrouve ici la plume de Luis Sepulveda qui respecte les hommes et sublime la nature. Les personnage sont dépeints avec finesse, on est ici à la limite d'une écriture de fiction parfois, (j'ai adoré les nouvelle sur le luthier et le lutin, de vrais personnages de roman!).
L'auteur aborde alors à plusieurs reprises le thème de l'écriture et de la littérature, il n'est pas improbable de croiser également des auteurs au détour d'une rue, d'une page du récit.
"Dans le conglomérat de croyances qui constituent la foi d'un écrivain, il y en a une en laquelle je crois tout particulièrement : celle qui nous avertit du danger de confondre la vie qui coule au fil des pages d'un livre avec l'autre, celle qui bouillonne de l'autre côté de sa couverture. Lire ou écrire, c'est une façon de prendre la fuite, la plus pure et la plus légitime des évasions" (p.36)
Un livre que j'ai eu beaucoup de plaisir à lire, qui plus est dans un train ! L'endroit idéal pour moi pour lire des récits de voyages (avec les bus). J'ai adoré voyager en Patagonie avec tous ces personnages sortis de nulle part.