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3 juin 2017

"Aldred et Emily" de Doris LESSING

 

alfred et emily

Alfred et Emily de Doris Lessing

Traduit de l'anglais pas Philippe Giraudon

Éditons J'ai Lu, 2008, 315 pages

Alfred et Emily est un livre mélangeant fiction et (auto)biographie. En effet, l'ouvrage porte le nom des parents de Doris Lessing. La première partie est un récit totalement fictif dans lequel l'auteur se demande ce qu'aurait été la vie de ses parents si la première guerre mondiale n'avait pas éclatée. Alfred aspirait à travailler dans une ferme en Angleterre et, dans son livre, Doris Lessing imagine sa vie s'il avait pu vivre son rêve. Il rencontre Emily à plusieurs reprises mais comme une simple amie et rien ne se passera jamais entre eux, ils n'ont d'ailleurs aucune attirance l'un pour l'autre. Emily, elle, comme dans sa vraie vie, tient tête à son père qui a de grandes ambitions pour elle pour devenir simple infirmière. Elle se mariera avec celui qui apparaît comme le grand amour de sa vie dans sa vraie vie, un éminent médecin.

La deuxième partie, quant à elle, raconte l'enfance et la jeunesse de Doris Lessing alors que la famille vient de quitter la Perse (Doris Lessing y est née) pour la Rhodésie. Emily a perdu l'amour de sa vie (le médecin) pendant la guerre et a sauvé la vie d'Alfred qu'elle a ensuite épousé. Ce sont alors deux estropiés de la guerre qui se sont retrouvés : Alfred a perdu une jambe à la guerre et s'en veut d'avoir survécu, Emily n'est pas non plus sortie indemne de ses années à soigner les soldats qui revenaient en Angleterre en morceaux. La Rhodésie est pour eux le moyen d'oublier, de recommencer, de faire fortune en faisant l'acquisition d'une ferme. Leur but est ensuite de retourner plus riches en Angleterre. Mais la situation s'enlise et Doris passera toute son enfance et sa jeunesse en Rhodésie, elle rejoindra plus tard l'Angleterre par ses propres moyens. Doris Lessing nous raconte alors comment elle a grandi dans ce pays sauvages, avec un contexte social qui n'a pas beaucoup a envier à celui de l'Afrique du Sud.

C'est un récit que je n'ai pas trouvé très tendre avec ses parents, en particulier avec sa mère qui, quelles que soient les options sur sa vie (guerre ou pas guerre) semble l'avoir totalement ratée. Doris Lessing semble avoir plus de tendresse de son père, abîmé par la guerre et malade du diabète. Ce récit est aussi une réflexion sur la relation conflictuelle de l'auteur avec sa mère (qui revient dans son oeuvre d'ailleurs une citation qui m'a fait sourire : "Tant de pages ont été écrites sur les mères et les filles - un certain nombre sont de ma plume" p.21) et sur la place de la femme dans la société de Rhodésie et d'ailleurs.

Dans ce livre, Doris Lessing raconte aussi sa découverte de la littérature. D'abord sa mère qui commandait pour elle et son frère tous les livres de jeunesse qui sortaient à l'époque en Angleterre et aux États-Unis, puis Doris qui pioche elle-même un peu hasard au départ puis "N'ayant personne pour me guider, je commandais des livres mentionnés dans d'autres livres" (p.217). Elle s'est nourri de classiques anglais, russes, français, ceux-là même dont je me suis nourri plus jeune.

Pour en revenir à la première partie, Doris Lessing offre à ses parents, ou du moins essaie, une vie meilleure sans le traumatisme de la guerre et sans entrave à ce dont ils rêvaient dans leur vie et qu'ils gardaient comme une goût amer après toutes ces années : Pour le père, une vie tranquille à la ferme. Elle offre a sa mère l'amour de sa vie, qui va pourtant s'avérer bien décevant pour la pauvre Emily. Quelque soit l'option, Emily ne semble pas se satisfaire de ce qu'elle a, cherchant sans cesse à donner un sens à sa vie, éternelle insatisfaite. J'ai beaucoup aimé cette vie à l'anglaise, ces goûter dans la campagnes à regarder des parties de cricket, et cette société traditionnelle anglaise qui évolue vers un monde plus moderne.

Doris Lessing a une odeur de fac pour moi. Je l'avais découvert en cours de littérature avec The Diaries of Jane Sommers que j'avais adoré (et on était pas beaucoup dans le cours à avoir aimé... jamais je n'oublierai les remarques d'ennui certain de A Girl - Ahah!). J'avais ensuite lu The Golden Notebook que j'avais également adoré. Puis, j'avais arrêté de la lire, pourquoi ? Aucune idée, je suis certaine d'avoir quelque part encore deux autre livres d'elle que j'avais achetés à l'époque d'ailleurs. J'ai alors adoré la retrouver avec Alfred et Emily. Ce n'est pas un roman palpitant, il n'y a pas un suspense de dingue (encore haha! A Girl) mais j'aime le style de Doris Lessing, ses remarques, ses réflexions... C'est un grand plaisir pour moi de la lire et je vais continuer, maintenant que j'ai renoué avec elle !

Pas loin d'un coup de coeur !

Livre lu dans la cadre de la LC du jour consacrée à Doris Lessing pour le Mois Anglais 2017 que j'organise avec ma copine Lou durant tout le mois de Juin !

Vous pouvez retrouver le récaptilatif des billets de nos participants ICI.

outlander-tv-series-claire-and-jamie

Voici également le dixième livre de l'année sorti de ma vieille PAL pour le Challenge "Objectif PAL" d'Antignone.

objectif pal

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Commentaires
A
J'ai aimé ce que j'ai lu d'elle... Un principe un peu étrange de revisiter ainsi l'histoire de ses parents, mais c'est intéressant !
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A
Hahaha quand j'ai aperçu ton billet sur mon agrégateur de flux, ça m'a rappelé ma très pénible lecture de Jane Sommers (OMG !). Je me suis dit que peut-être maintenant je suis plus mûre pour l'apprécier mais en te lisant, je me dis, non non, elle ne doit tout simplement pas être pour moi cette auteure.:-)
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A
Je ne l'ai encore jamais lu ! Je ne commencerai peut-être pas par celui-ci mais ton avis me donne envie de la lire ! Merci, Cryssilda !
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F
Une auteure qu'il me reste encore à découvrir... :-)
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L
Raté pour cette LC mais l'année prochaine peut-être ....
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