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20 août 2014

"Molloy" de Samuel BECKETT

Molloy de Samuel Beckett

Les Éditions de Minuit, Collection "double", 1951, 276 pages

Voyons... tentons un résumé... Le roman est composé de deux parties. La première s'intéresse à Molloy. On ne sait pas bien qui est ce personnage, s'il est mort, s'il est en décomposition ou s'il est juste vieux et handicapé. Quoiqu'il en soit, il rend visite à sa mère qui est pourtant morte au début du roman. Quand il revient, il rencontre une vieille dont il tue le chien par accident et qui du coup l'acceuille chez elle. Il traverse des lieux, se perd, repart, se fait arrêter... bref il tourne un peu en rond notre Molloy. La deuxième partie est rédigé par Moran, détective privé qui est chargé de retrouver Molloy, on ne sait pas pourquoi, il ne sait pas pourquoi, mais il le saura s'il le trouve.

Autant le dire tout de suite, c'est du Beckett, du vrai, du grand alors il ne faut pas s'attendre à une intrigue mais à de l'absurde à la Beckett dans toute sa grandeur. Je suis absolument incapable de vous dire de quoi parle ce livre. Il n'y a ni début, ni dénouement. Molloy, on peut s'imaginer plein de choses sur lui, mais à aucun moment on nous expliquera ce qui se passe vraiment dans l'histoire qu'on est en train de lire. C'est une partie dans laquelle on se trouve dans la tête tordue de Molloy qui m'a l'air un peu compliqué psychologiquement donc compliqué à suivre. Dans la deuxième partie, on s'attend à des éclaircissements ! Ouf on retrouve une forme plus conventionnelle avec des paragraphes, parfois même des dialogues ! (la première partie semble avoir été écrite d'une traite, pas de paragraphe, heureusement, la ponctuation y est.) Du coup, on s'attend à ce que la deuxième partie soir un peu plus rationnelle (oui, je suis naïve) du fait de l'arrivée de Moran et de sa supposée rigueur (malsaine.) Mais bien vite, on se rend compte qu'il est bien plus tordu est effrayant que Molloy. Il se comporte en tyran avec son jeune fils de quatorze ans... Il est colérique et sadique. On se saura jamais pourquoi il doit retrouver Molloy, d'ailleurs il ne le retrouvera jamais !

Bien que ces deux parties soient distinctes, elles dialoguent entre elles. Il y a finalement de troublants échos entre Molloy et Moran, dans l'absurde, bien sûr, mais aussi dans le voyage sans but, leur condition physique, leur autarcie. On se demande même, à un moment, si Moran n'est pas un jeune Molloy.

C'est alors un roman auquel on ne comprend pas grand chose, et pourtant on le dévore (du moins moi!) - enfin pas très vite vu le style, mais pour ma part, je ne me suis pas ennuyée une seconde. Au contraire, le style est un vrai régal, inattendu, choquant parfois, plein d'humour. Quelques exemples : "Je n'étais pas dans mon assiette. Elle est profonde, mon assiette, une assiette à soupe, et il est rate que je n'y sois pas. C'est pourquoi je le signale" p.25, "J'étais courbé sur un tas d'ordures, espérant y trouver de quoi me dégoûter d'avoir faim" p.78, "La mort [...] je n'excluais pas la possibilité qu'elle fût encore pire que la vie, en tant que condition" p.92 "C'était le seul moyen de progresser, m'arrêter" p.107. Bon voilà, le roman est truffée de phrases intéressantes.

Ce roman est un exercice de style que j'ai trouvé épatant ! Alors que j'ai beaucoup de mal à lire le théâtre de Beckett (alors que je l'adore sur scène!), j'ai beaucoup aimé cette expérience de roman de l'absurde et je retenterai sans hésiter un autre roman (peut-être un peu plus tard par contre, il faut des pauses entre ce genre de livres, je pense).

Ce roman est la premier tome d'une trilogie, les suivants sont Mallone meurt et L'innomable.

Ce roman a été lu dans le cadre du challenge Un an en Irlande, l'auteur du mois d'Aôut était Samuel Beckett.

Novelenn a également lu Molloy, Yvon a lu Murphy, Chat de bibliothèques a lu En attendant Godot, Iroise a lu Fin de partie...

Rendez-vous le mois prochain pour une nouvelle lecture irlandaise consacrée cette fois à Keith Ridgway.

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Je signe également, avec ce livre, ma deuxième participation au Challenge Union Européenne en 28 livres : Irlande.

Challenge Europe

 

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Commentaires
N
Un mois plus tard, le voici mon article : http://novelenn.wordpress.com/2014/08/19/molloy-samuel-beckett/. Je ne peux pas dire que j'ai adoré mais un récit particulier et bourré d'humour comme tu l'as noté !
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A
Pfiou, toujours pas lu Beckett mais là je me tâte à opter pour lui finalement pour l'Irlande dans le cadre du challenge européen...
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L
A ma grande honte, je bloque totalement avec Beckett...
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M
Je n'avais pas du tout été sensible à cette histoire ! En revanche, je suis d'accord : ses pièces su scène, c'est souvent très drôle alors qu'elles sont souvent tragiques...
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