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10 septembre 2015

"Si tard, il était si tard" de James KELMAN

Il__tait_tard

Si tard, il était si tard de James Kelman

Titre original : How late it was, how late

Traduit de l'anglais par Céline Schwaller

Éditions Métailier, 2015, 399 pages

Sammy se réveille un matin dans les rues de Glasgow passablement éméché. C'est le trou noir, il ne sait pas ce qu'il a fait ces dernières vingt-quatre heures mais il se doute bien qu'il a ingurgité de sacrés litres d'alcool. Il se lève, titube et se brouille avec des policiers qui le mettent au frais. Pendant l'interrogatoire, Sammy devient soudain aveugle. On ne sait pas trop s'il bluffe. Il est relâché quelques heures plus tard, toujours aveugle. Il parvient tant bien que mal à rejoindre l'appartement qu'il partage avec sa compagne du moment, Helen. Mai aucune trace d'Helen dans l'appartement, ni ce jour-là, ni les suivants ! Sammy apprend alors à affronter son quotidien, complètement aveugle et seul. Face à sa situation malheureuse, il fera preuve de beaucoup de sagesse et de débrouillardise, sérieux, il bluffe ?

Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, dit-on! J'avais découvert James Kelman il y a quelques années dans un recueil de nouvelles (il fait partie de ce que l'on appelle l'école de Glasgow, avec ses amis Alasdair Gray et feu Agnes Owens), écrivains déroutants et innovants qui jouent avec la langues de Glasgow et qui n'ont pas peur de montrer l'envers de la carte postale écossaise. J'avais lu une de ses nouvelles donc et je n'avais pas aimé son style. Je ne me souviens plus du tout de l'histoire, mais c'était un milieu dans lequel je m'étais sentie très mal à l'aise, comme quand je lis Victor Hugo au troquet de la gare, vous voyez, quoi.

Mais voilà que ce roman arrive sur les rayonnages de nos libraires et que je décide de donner une deuxième chance à James Kelman (il a bien de la chance d'être écossais!) Les imbéciles ont bien tort de ne pas changer d'avis car quel roman ! Le style est tout d'abord bien déroutant et je me suis demandé combien de mois il me faudrait pour finir ce roman si l'entièreté continuait du point de vue de Sammy avec son langage de la rue, ses discours indirects libres qui s'arrêtent au plein milieu d'une phrase (d'une pensée!), sa vulgarité. J'avais également peur de lire l'histoire d'un clodo qui se prend des cuites à longueur de journée (bon je n'avais pas lu la quatrième page de couv', comme d'habitude!), je ne voulais pas partager ce quotidien. Sammy reste le narrateur et il raconte son histoire comme il parle (on est en fait dans sa tête, alors il ne peut pas en être autrement!!) Au passage, je dis bravo à la traductrice, le texte original doit être un véritable cauchemar! Car slang il y a, et beaucoup ! Même en français, c'est pas évident au premier abord. Et puis on s'habitue à son style au fur et à mesure que l'on découvre le personnage et que l'on s'y attache. Car oui ! Je me suis sacrément attaché à Sammy, paumé certes, mais tellement humain. Il fait avec ce qu'il a et cela n'a jamais été facile pour lui, mais il est bien conscient de ses erreurs, toujours. Je me suis surprise à sourire de ses réflexions et même de son vocabulaire parfois. Bref, j'ai aimé Sammy et j'ai aimé découvrir son destin. J'ai admiré sa bonne humeur et sa débrouillardise, malgré des moments de découragement, il ne voit pas la vie en noir (!) et tente de s'adapter à son nouveau statut sans jamais s'apitoyer. Un sacré bonhomme que notre Sammy.

Ce roman est indéniablement à lire. Il ne faut surtout pas baisser les bras au bout de trois pages, il faut s'accrocher, tout devient plus limpide rapidement. Le style est d'ailleurs un véritable tour de force et je lirai très certainement James Kelman en anglais pour voir la bête de plus près. Sammy est un personnage attachant et empreint d'un sacré humour noir, je le considérais presque comme un ami à la fin du roman.

Quant à l'intrigue, j'ai aimé ce flou ambiant. On a du mal à faire confiance à Sammy, du coup on se demande si cette cessité soudaine, il ne l'a pas inventée. J'ai également aimé le flou autour de sa compagne, sur les motifs des flics, sur la fin.

Un roman à retenir en cette rentrée littéraire, un beau et bon roman, une sacrée réussite.

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Commentaires
V
Son sujet me plaisait beaucoup... Pour prolonger le voyage en Écosse, je sauterai sur tout... Tu as lu le dernier Peter May d'ailleurs !?
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