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8 février 2017

"Les Liaisons dangereuses" de Pierre CHODERLOS de LACLOS

les liaisons dangereuses

Les Liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos

Éditions Folio Classique, 1782, 488 pages

Depuis que je suis professeur parmi les professeurs, je rencontre des gens avec lesquels j'ai plus de points communs qu'avec les architectes ("Quoooii? Tu va lire ce livre ??? Mais il est groooos!".) L'année dernière, en particulier, j'ai rencontré une grande lectrice et nous sommes devenues "des gorilles littéraires mutuelles". Cherchez pas, en gros, on s'offre des livres, régulièrement, parmi ceux qu'on a vraiment envie de se faire découvrir.

J'ai traîné pour le lire, prise dans le feu de flux de livres qui m'arrive chaque mois... mais le premier livre qui m'a été déposé dans mon casier fut Les Liaisons dangereuses que je n'avais encore jamais lu (j'ai de sacrées lacunes en classiques français.) Pour moi, Les Liaisons dangereuses, c'était encore la parodie des Inconnus (et une chanson douteuse de je ne sais plus qui, qui m'a certainement pourrie un peu ma lecture!)

La Marquise de Merteuil et son correspondant, le Vicomte de Valmont, s'échangent de nombreuses lettres sur leur prouesses amoureuses et sexuelles. Ils ont été amants et ont depuis décidé de vaquer à leur occupations de leur côté, séduisant, manipulant, s'amusant... sans manquer de s'en rendre compte mutuellement à tout instant. Leur rivalité est manifeste, c'est à celui qui sera le plus malicieux pour piéger ses proies et s'en sortir indemne. C'est bien sûr plus facile pour Valmont, c'est sûr que lorsqu'on est un homme au dix-huitième siècle, on a déjà le droit de s'amuser bien plus qu'une femme ! La Marquise de Merteuil n'en est alors que plus machiavélique encore, elle qui doit se cacher, consommer sa proie tout en sauvant les apparences et sa réputation.

Si cela n'engageait qu'eux, on ne leur en tiendrait pas trop rigueur... Mais bien sûr, il n'y a pas de libertinage en solitaire, et les premières victimes sont les personnes sur lesquelles ils ont jeté leur dévolu : La Présidente de Tourvel du côté de Valmont, et de nombreux hommes du côté de la Marquise.

Mais, et ce qui est le plus "choquant", mais délicieusement choquant et divertissant pour le lecteur, ce sont les autres victimes qui sont vues comme des pions par les deux manipulateurs. En particulier la jeune Cécile Volanges à laquelle la Marquise prévoit un avenir et une "formation" qu'elle ignore totalement. La Marquise et Valmont aiment à jouer avec leur entourage comme avec des marionnettes à coups de mensonges et de manipulations.

Il ne faut pas oublier l'élément "roman épistolaire" que j'ai beaucoup aimé. Il n'y a pas de narrateur omniscient, juste des lettres écrites et envoyées entre les différentes victimes et les manipulateurs, sans schéma installé, en fonction des aventures heureuses ou malheureuses qu'ils vivent. J'ai adoré les échanges entre la Marquise et Valmont et la surenchère dans le jeu, la manipulation, la médisance, la jalousie.

L'attitude des deux personnages principaux dans ce roman est sans appel et révoltant mais c'est tellement amusant ! Pour moi, dans un roman, tout est permis ! Autant dans l'écriture que dans la lecture (je me souviendrai toujours d'une prof au lycée qui nous disait "il ne faut pas avoir peur des mots"), ce qui me permet de rire à des choses qui me révolteraient dans la vraies vie. Alors j'ai beaucoup ri, je me suis amusée de leur manigances, je me suis même mise à essayer de trouver ce qu'allaient être les suivantes. J'ai adoré le personnage de la Marquise de Merteuil, ne serait-ce que pour son féminisme exacerbé dans une époque où cela n'existait pas. En face, j'ai adoré la répartie, l'esprit, la rhétorique de Valmont. Il a toujours une pirouette pour s'en sortir. Son discourt est fin, futé, affûté, hilarant.

Ma seule déception, c'est que l'auteur ne soit pas allé jusqu'au bout et je regrette la fin moralisatrice du roman qui, pour moi, permet à l'auteur de s'en sortir sans trop de dommages face à la société.

Enfin, je suis ravie d'avoir découvert ce classique grâce à mon gorille littéraire. C'est un roman jubilatoire, révoltant, étonnant, intelligent. Pour ma prochaine aventure, mon gorille m'a offert La bête humaine de Zola, alors suite au prochain épisode !

les lectures du gorille

Et voici mon le quatrième livre sortie de mon immense et vieille PAL pour le Challenge "Objectif PAL" d'Antignone.

objectif pal

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Commentaires
V
Etudié en première, c'est un roman qui m'a marquée.
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A
J'ai adoré, et il me semble même que je l'ai lu deux fois, à deux âges différents donc, et on s'attache alors à des personnages différents...
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T
Je l'ai lu au lycée, j'avais été enchantée par le côté épistolaire, et par le style bien sûr. Il faudrait sans doute que je le relise parce que je n'en garde qu'un vague souvenir.
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T
Lu quand j'étais grande ado, j'ai adoré. Un très grand livre.
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K
Rha je l'ai lu deux fois (et faudrait pas me pousser pour qu'une troisième fois...) Je suis fan de l'imparfait du subjonctif, aussi (ah Proust)<br /> <br /> Dis donc, tu pourrais lire La vie de Marianne (Marivaux) très sympa aussi.<br /> <br /> Tu as de la chance d'avoir cette collègue (même si je n'étais pas à plaindre, parfois dans la salle des profs ça parlait bouquins...)(mais dans un autre établissement 'ah bon pour une prof de maths, tu lis!')
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